"Temps d'échanges" sur le racisme et l'antisémitisme à l'école : "Le temps éducatif n'est pas le temps du buzz", réplique le SNPDEN-Unsa

"Le temps éducatif" est "un temps lent qui doit prendre le temps de la réflexion, de l'organisation et de la maturation", répond le syndicat représentant les personnels de direction de l’Éducation nationale à Emmanuel Macron. Il nécessite aussi un temps de préparation pour les enseignants.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Photo d'illustration. (VANESSA MEYER / MAXPPP)

"Le temps éducatif n'est pas le temps du buzz, de l'urgence, de l'immédiateté", a rappelé jeudi sur franceinfo Carole Zerbib, proviseure du lycée Vauquelin à Paris et membre de l’Observatoire de la laïcité du Syndicat SNPDEN-UNSA, représentant les personnels de direction de l’Éducation nationale. Emmanuel Macron a demandé qu'"un temps d'échanges" sur le racisme et l'antisémitisme soit organisé dans les écoles dans les prochains jours après le viol et l'agression antisémite d'une jeune fille de 12 ans par trois mineurs à Courbevoie (Hauts-de-Seine). "Ça ne peut pas se faire dans l'urgence", avait souligné la veille sur franceinfo Audrey Chanonat, secrétaire nationale éducation et pédagogie du syndicat 

"Une des missions de l'école, c'est bien de lutter contre les discriminations, de lutter contre le racisme et l'antisémitisme et de sensibiliser les élèves à ces questions", a convenu Carole Zerbib, mais "le temps éducatif" est "un temps lent qui doit prendre le temps de la réflexion, de l'organisation et de la maturation". "On ne peut pas nier l'importance du sujet, a également reconnu Audrey Chanonat. En revanche, la proposition faite par le président de la République va nous poser problème", a expliqué la principale d'un collège de Cognac (Charente). "Nous sommes rattrapés par la campagne politique, nous sommes à nouveau dans des effets d'annonce, les chefs d'établissements n'ont pas été consultés."

Un sujet potentiellement explosif

"Évidemment qu'on veut sensibiliser nos enfants à la lutte contre l'antisémitisme et contre le racisme, a-t-elle poursuivi, mais il aurait fallu nous consulter pour pouvoir renforcer l'éducation aux valeurs de la République, pour pouvoir donner les moyens aux établissements."

"Ce n'est pas avec un effet d'annonce qu'on va résoudre une problématique aussi importante."

Audrey Chanonat

sur franceinfo

"Les annonces qui sont faites au plus haut niveau de l'État sont considérées comme une application immédiate, or ça ne marche pas comme ça", a également dénoncé Audrey Chanonat. "Pour sensibiliser les élèves sur cette question essentielle, ça demande des moyens, et ça ne peut pas se faire dans l'urgence." Carole Zerbib estime qu'il est effectivement difficile d'improviser "au pied levé" des "actions à la va-vite, sans préparation" dans une période de l'année où les élèves sont moins mobilisés, pris par leur stage ou les examens. "L'impréparation n'est pas profitable aux élèves", souligne-t-elle.

De plus, "il faut former les enseignants, il faut qu'ils aient le bon discours face à des élèves qui, en 6e par exemple, ne vont peut-être pas comprendre ce dont on parle, a soulevé Audrey Chanonat. Soit on fait bien, on met les moyens et on prend du temps, soit on fait vite et on fait mal." Le thème du racisme et de l'antisémitisme est un sujet potentiellement explosif à l'école, a rappellé Carole Zerbib. "Il y a des enseignants qui ne sont pas préparés à répondre et à travailler sur ces questions avec les élèves", a-t-elle estimé. "Tout le monde n'est pas à l'aise avec ces questions. C'est pour ça aussi que cela demande un temps de préparation et d'organisation", a insisté la proviseure.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.