Etat d'urgence : une mère et son fils réveillés en pleine nuit par la police
Cette mère de famille ne comprend pas ce qui lui est arrivé dans la nuit de mercredi à jeudi. Des dizaines de policiers se sont présentés à son domicile en pleine nuit pour notifier à son fils de 16 ans un arrêté d'interdiction de manifester, jeudi 19 mai à Paris.
Le préfet de police de Paris avait pris, mercredi soir, 19 arrêtés d'interdiction de participer à la manifestation de jeudi contre le projet de loi Travail. Ces arrêtés doivent être remis en main propre aux personnes concernées, mais cette maman s'étonne de la méthode employée.
"J'ai cru que l'immeuble était pris d'assaut"
Il est un peu plus de deux heures du matin, lorsque cette mère de famille reçoit un appel sur son portable, elle est psychanalyste et travaille de nuit à l'hôpital. La police lui dit qu'elle est devant chez elle et lui donne un quart d'heure pour rentrer. La quadragénaire saute dans un taxi, sans savoir ce qui se passe. Quand elle arrive chez elle, plusieurs voitures de police sont stationnées devant l'immeuble.
"Quand j'arrive chez moi, il y a de nombreux policiers de la Bac dans la cour de l'immeuble, comme pour une prise d'assaut."
On lui explique alors que son fils de 16 ans, en première littéraire, fait l'objet d'une mesure d'interdiction de séjour dans plusieurs arrondissements de la capitale où doit passer la manifestation. La semaine dernière, il a été placé en garde à vue et mis en examen, soupçonné d'avoir lancé une grenade lacrymogène contre un CRS.
La policière "était très mal à l'aise "
La policière qui lui remet l'arrêté d'interdiction de manifester pour son fils est visiblement gênée.
C'est étonnant parce que la dame était très mal à l'aise, me disant qu'elle n'avait jamais fait ça, répétant "c'est l'état d'urgence".
Je ne comprends pas qu'on réveille une famille en pleine nuit, qu'on la pointe du doigt devant ses voisins, presque comme du grand banditisme.
La police répond être dans la légalité
"Pourquoi ne pas nous donner l'arrêté tôt le matin ?" , s'interroge cette maman. La préfecture de police de Paris invoque la légalité de l'opération, un pouvoir conféré par l'article 5 de la loi sur l'état d'urgence, qui on le rappelle, vise au départ à contrer la menace terroriste. L'etat d'urgence qui a été prolongé pour une troisième fois jusqu'au 26 juillet, jeudi.
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