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"Il doit faire face à la justice" : des Inuits canadiens réclament à la France l'extradition d'un prêtre accusé d'agressions sexuelles sur des enfants

Une délégation d'Inuits du Canada a demandé à la France lundi lors d'une conférence de presse l'extradition de Joannes Rivoire, un ancien religieux franco-canadien, aujourd'hui en maison de retraite à Lyon, accusé de plusieurs agressions sexuelles sur des jeunes Inuits dans les années 1960-1970.

Article rédigé par franceinfo - Willy Moreau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Steve Mapsalak en pleurs alors qu'il prend la parole lors d'une conférence de presse au Press Club de Paris, à Issy-les-Moulineaux, le 12 septembre 2022, pour demander l'extradition du prêtre franco-canadien Joannes Rivoire, accusé d'agressions sexuelles sur des enfants. (CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP)

Ils ont parcouru 4 400 kilomètres entre le Canada et la France pour réclamer justice : une délégation d'Inuits du Nunavut, un territoire situé dans le Nord du Canada, demande à la France l'extradition d'un ancien religieux, Joannes Rivoire, un franco-canadien, aujourd'hui en maison de retraite à Lyon, accusé de plusieurs agressions sexuelles sur des mineurs dans les années 1960-1970. Les victimes et leurs familles ont organisé une conférence de presse lundi 12 septembre pour médiatiser leur douloureux combat pour la justice.

>> "Nous voulons tous la justice" : 30 ans après, des Inuits canadiens espèrent l'extradition d'un prêtre français qu'ils accusent d'agressions sexuelles

Steve Mapsalak a six ans quand il croise la route de Johannes Rivoire dans une école catholique. Il a presque 80 ans aujourd'hui. Impossible d'évoquer ce qu'il a subi quand il était enfant : les années ont passé, mais il fond en larmes.

"La peine est toujours aussi vive des années après. Ce qu'il a fait est très grave. J'ai besoin de clore ce chapitre, il doit faire face à la justice !"

Steve Mapsalak

à franceinfo

Steve a porté plainte au début des années 1990, trois ans avant le père de Tania Tungilik, une autre victime présumée, mort en 2012. Mouchoir à la main, Tania raconte la descente aux enfers de sa famille : "Cette expérience horrible a hanté mon père, explique-t-elle. Il ne savait pas compenser. Il a fini par battre et agresser sexuellement ma mère pendant 20 ans. Il a fini alcoolique. Je l'ai mis hors de ma vie pour me préserver mais je regrette toujours."

Une demande d'extradition en cours depuis 2021

Tania et la délégation d'Inuits vont se rendre à Lyon pour tenter de rencontrer Joannes Rivoire. Ils ont déjà le soutien de sa congrégation religieuse, les Oblats de Marie Immaculée, qui ont demandé à l’ancien missionnaire d’aller se confronter à la justice au Canada. L’homme de 92 ans, lui, a toujours nié. "Il n'y a aucun élément qui permette d'asseoir solidement les accusations, indique l’avocat de Joannes Rivoire, Me Thierry Dumoulin, dont on ignore d'ailleurs le contenu précis, qui sont portées contre cet homme qui jusqu'à preuve du contraire est innocent."

Une demande d'extradition est en cours depuis 2021. Une demande que l'avocat nie avoir reçue. Mais les victimes s'accrochent : mercredi, elles se rendront au ministère français de la Justice pour appuyer le dossier.

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