Loi immigration : pourquoi Emmanuel Macron refuse-t-il de jeter l'éponge ?

Au lendemain du vote de la motion de rejet, il y a la question de l'avenir : celui de Gérald Darmanin, et celui de l'Assemblée que certains voudraient bien voir dissoute.
Article rédigé par franceinfo
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Gérald Darmanin et Emmanuel Macron le 26 juin 2023. (LUDOVIC MARIN / POOL / AFP)

Le camouflet est d'autant plus rude qu'il n'avait pas été anticipé. Les députés ont voté lundi 11 décembre le rejet du projet de loi immigration de Gérald Darmanin, avant même que les débats n'aient commencé. "Un échec" a reconnu le ministre de l'Intérieur, qui a présenté dans la foulée sa démission au Président, refusée immédiatement. Emmanuel Macron lui a demandé de trouver avec la Première ministre une façon de lever le blocage pour aboutir à un texte de loi efficace.

Emmanuel Macron refuse donc de jeter l'éponge parce qu'il veut un texte sur l'immigration. Il veut être celui qui prend ses responsabilités, donc pas question de se montrer ébranlé alors que précisément, il est convaincu d'être la cible d'une "entreprise de déstabilisation".

Comment le chef de l'Etat a appris la nouvelle

Une scène résume tout : lors du vote lundi, il est dans l'avion qui le ramène d'un déplacement à Toulouse où il vient de parler de la France dans 20 ans, à l'occasion du sommet France 2030, un plan d'investissements dédié à l'innovation qu'il veut "accélérer". Le chef de l'Etat est alors en train de discuter, quand on l'informe du revers. Il note, puis reprend le fil de sa conversation, selon ce que raconte un témoin.  

Et si ça n'a pas empêché Emmanuel Macron de voir à son retour le ministre de l'Intérieur, de téléphoner plusieurs fois ensuite à Gérald Darmanin et Elisabeth Borne. A l'Elysée, on insiste : ce n'est pas une "crise". Gérald Darmanin reste, et il n'y a pas de remaniement prévu pour le moment. Dans les rangs de la majorité, l'idée d'une dissolution revient en force. "Un épisode après l'autre", temporise un proche. 

Du côté de l'Elysée, on plaide pour commencer par pilonner l'incohérence de la coalition qui a soutenu la motion de rejet proposée par les écologistes, votée par la Nupes, le RN et une partie des Républicains. Des groupes unis seulement par "la volonté de faire tomber le gouvernement", dit-on dans la majorité.

"Démasquer les oppositions, leur court-termisme, leur mépris pour l'intérêt général, on ne peut pas faire l'impasse là-dessus."

Un conseiller du pouvoir

à franceinfo

"On ne va faire faire au texte trois fois le tour du palais du Luxembourg"

Alors, que va devenir le texte ? Gérald Darmanin l'a annoncé, le gouvernement n'y renoncera pas. Il y a donc deux options. Soit la version du texte adoptée au Sénat retourne au Sénat, avant de revenir à l'Assemblée, mais "c'est baroque", juge un collaborateur de Gérald Darmanin."On ne va pas faire faire au texte trois fois le tour du palais du Luxembourg !", juge-t-il. Soit, on convoque les négociateurs de la commission mixte paritaire, sept députés et sept sénateurs, chargés de trouver un compromis.

Au bout du processus, vu la composition de la CMP, qui penche à droite, c'est un texte dur qui en sortira. Il faudra alors repasser par la case Assemblée, pour faire adopter définitivement ce texte. Et là, ce sera l'aile gauche de la majorité à l'Assemblée qu'il faudra faire plier. "Il y a un risque d'explosion, mais cela peut se tenter", réfléchit tout haut un macroniste. L'avantage de cette solution, c'est d'aller vite. Une réunion dès la semaine prochaine est évoquée. Inutile de dire que la prise de parole d'Emmanuel Macron en conseil des ministres mardi 12 décembre est très attendue. 

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