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DSK : "J'ai redit ici que je n'aimais pas la prostitution"

Deuxième jour d'audition pour DSK au procès du Carlton à Lille ce mercredi. L'ancien président du FMI, poursuivi pour proxénétisme, a notamment répondu aux accusations de l'une des parties civiles, Jade.
Article rédigé par Clara Beaudoux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
  (DSK à Lille mercredi © REUTERS / Gonzalo Fuentes)

"Ces parties fines il ne fallait pas que ça se sache ", dit Jean-Christophe Lagarde malmené ce mercredi à la barre, puis ajoute "c'est un peu raté ". Ils sont rares ces moments au tribunal correctionnel de Lille où l'on rigole. Le défilé des soirées et des filles sonne pour le moins glauque, lors de cette deuxième journée d'audition de Dominique Strauss-Kah. L'ancien président du FMI comparaît pour proxénétisme

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Jade : "Cet empalement de l'intérieur qui me déchire dedans"

Mercredi matin Jade est revenue à la barre, l'une des anciennes prostituées partie civile, avec son langage cru qui frôle pourtant parfois la poésie. Elle a parlé du club échangiste le Tantra en Belgique, et des rencontres à Washington. Combien de personnes y avait-il, demande le président ?  "C'était tellement mélangé que je ne sais pas ". Elle décrit : "Ils sont tous sur un matelas dans tous les sens moi je ne me mélange pas à ça ", "je n'adhére pas à ce mic mac ".  "Moi je suis agoraphobe, donc me retrouver dans un lit rond avec tous ces tas de corps, non ", dit-elle.

 

Elle décrit aussi une relation sexuelle avec DSK à Washington : "Il y a eu un moment plus que désagréable quand j'ai tourné le dos à Mr Strauss-Kahn ", dit-elle, en pleurant. "Chaque fois que je vois sa photo ou que je le rencontre je revis cet empalement de l'intérieur qui me déchire dedans ", explique-t-elle. "Aucun autre client n'aurait osé faire ça, est ce que cette personne pense qu'on peut tout faire car on n'a pas le même statut social ? " interroge-t-elle. J'étais "un objet " pour lui, "pas une libertine ".

"Y-a-t-il selon vous des pratiques sexuelles réservées aux prostituées ?"

Sur ce rapport sexuel décrit par Jade, l'avocate de DSK monte au créneau, moment difficile pour Jade à la barre : "Selon vous Mme est-ce qu'il y a des pratiques sexuelles réservées aux prostituées ? " Avec toujours cette idée de démontrer que si les pratiques sexuelles de DSK sont ce qu'elles sont, il ne savait pas qu'il avait là une prostituée. Jade répond "on pose la question 'est-ce que si je te fais ça ? est-ce que tu es d'accord ? ''" " là on ne m'a rien demandé, on m'a empalé". 

Mis à part ce rapport, lors du séjour à Washington, Jade décrit des moments où DSK n'était "pas désagréable ", il lui explique les plats au restaurant, lui tient la chaise. Elle décrit un séjour touristique, "j'ai même pris les photos des écureuils juste à coté de la Maison-Blanche ". Et puis il y a cette photo, pièce du dossier, au sein du FMI, où Jade et DSK posent ensemble. Jade est  "toute sourire " dit le président. "Ben oui c'est une photo sympa ", répond-elle. DSK aura cette phrase saillante : "le directeur du FMI à Washington ne prend pas une photo dans son bureau avec une femme qu'il sait être une prostituée, c'est inconcevable ".

DSK : "Qu'est-ce qui est vrai dans cette histoire ?"

Il y a donc cette grande différence entre la scène sexuelle que décrit Jade et l'ensemble du séjour, pointée par DSK :  "J'apprécie que Jade ait dit qu'on avait une bonne relation, aimable ", "ce qui me trouble c'est qu'elle puisse dire ça après avoir décrit de façon aussi violente pour elle, trois mois plus tôt, la nuit qui la marque à tel point qu'aujourd'hui elle ne peut pas en parler sans avoir les larmes dans les yeux, alors qu'est-ce qui est vrai dans cette histoire ? "

DSK : "Ecoutez maître, je commence à en avoir un peu assez"

Les débats décrivent aussi la conversation avec DSK en voiture lorsque Jade le ramène de la soirée au Tantra jusqu'à Bruxelles. Elle lui dit alors qu'elle fait des "spectacles de danse " dans un club, et que parfois elle fait monter un homme sur scène pour avoir un rapport avec lui. "Elle aurait pu me dire aussi qu'elle y faisait la cuisine, ou disc-jockey " indique DSK par la suite. Pour lui cela ne veut pas dire qu'elle se prostitue. "Je n'ai pas à préjuger de sa naïveté mais vu ses compétences être naïf c'est nous prendre un peu nous pour des brêles ", dit Jade au cours de l'audience.

Au procès du Carlton, DSK a haussé le ton - compte-rendu d'audience Delphine Gotchaux
 

La naïveté de DSK, quand il explique aussi au tribunal que c'est grâce au dossier qu'il a découvert qu'il devait "avoir une sexualité qui par rapport à la moyenne des hommes est plus rude, et que certaines femmes n'apprécient pas ". Il hausse même le ton à un moment donné : "Ecoutez maître, je commence à en avoir un peu assez ". Il parle du grand déballage de sa sexualité. Cela n'a de sens dans les questions, dit-il, que si cela implique des prostituées, "or ceci est absurde ". "La prostitution est une atteinte à la liberté humaine des femmes, oui ", "j'ai redit ici que je n'aimais pas la prostitution ".

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