Procès du Carlton : DSK entre en scène
Le "Roi de la fête" entre dans l'arène. Après une première semaine dédiée au volet lillois, où les magistrats ont notamment interrogé les responsables de l'hôtel Carlton, mais aussi le provocant "Dodo la Saumure", le prévenu le plus médiatique de cette affaire est appelé à la barre à partir de ce mardi, pour trois jours. Dominique Strauss-Kahn, ex-patron du FMI, avait fait une brève apparition lors de l'ouverture du procès dit du Carlton la semaine dernière, au tribunal de Lille.
DSK fait partie des 13 prévenus soupçonnés de proxénétisme aggravé, et encourt 10 ans de prison. Même si les débats risquent de dévoiler une fois encore les pratiques sexuelles de l'homme politique déchu, le président du tribunal a fait une petite mise au point la semaine dernière : "Le tribunal ne compte pas revenir sur ces détails graveleux. Le tribunal n’est pas le gardien de l’ordre moral, mais celui du droit ".
Un appartement "mis à disposition"
Concernant le droit alors, quels élements pourraient être retenus contre DSK pour fonder l'infraction de proxénétisme ? Il y a un appartement de 45m2, rue d'Iéna à Paris, que les juges accusent l'ex-dirigeant du FMI d'avoir "mis à disposition pour des rencontres sexuelles rémunérées ". Pour eux, cela constitue un "acte matériel de proxénétisme ".
Sauf que toute la défense de DSK consiste à expliquer qu'il n'était pas au courant que ces femmes ramenées par ses amis Fabrice Paszkowski et David Roquet - qui seront également entendus à partir de ce mardi - étaient des prostituées. Ses deux amis faisant régner une omerta sur la question, pour le protéger, lors des soirées organisées à Paris, Bruxelles, Lille ou Washington entre 2007 et 2011. "Il ne fallait surtout pas lui dire que nous étions payées, il fallait dire que nous étions les amies de Fabrice, c'était ridicule, il se rendait bien compte qu'on ne venait pas à Paris pour ses beaux yeux ", a expliqué une des anciennes prostituées lors des auditions.
Confrontation avec les anciennes prostituées
DSK pensait avoir en face de lui des "femmes libertines ", selon sa version. Une vision des choses qui devra faire face ces prochains jours aux témoignages des anciennes prostituées, certaines qualifiant de "carnage " les ébats sexuels avec l'ex-favori pour la présidentielle. "Si ce monsieur considère qu'il ne pouvait pas savoir, c'est vraiment nous faire croire qu'il est naïf et nous prendre tous pour des cons ", a expliqué lors son audition "Jade", l'une des parties civiles dans ce procès du Carlton.
En plus de ces avantages en nature, tirés de la prostitution, les juges pourraient tenter de démontrer que DSK était à l'origine de ces soirées, dans la mesure où elles étaient organisées pour lui par Fabrice Paszkowski et David Roquet avec des filles comme "cadeaux". Les soirées étaient calées sur son emploi du temps, en fonction de ses déplacements. "Il nous aime moins sans les filles ", a écrit Fabrice Paszkowski dans des échanges interceptés par la justice. Sauf que là encore, la défense de DSK répond qu'il n'avait rien demandé, et surtout pas à ses camarades d'embaucher des prostituées.
Face à ces incertitudes, le parquet avait requis un non-lieu pour DSK à l'issue de l'instruction. Sauf rebondissement ces prochains jours, il devrait demander la relaxe lors du réquisitoire la semaine prochaine.
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