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Fin de vie : Kouchner plaide pour une évolution de la loi

Bernard Kouchner a témoigné ce vendredi au procès de Nicolas Bonnemaison devant la Cour d’assises des Pyrénées-Atlantiques. L'ancien ministre de la Santé a défendu les "illégalités fécondes" des médecins pour accompagner la fin de vie.
Article rédigé par Elise Delève
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Pour Bernard Kouchner, c'est "la place de la mort dans la société qu'il faut transformer" © Maxppp)

Le témoignage de Bernard Kouchner au procès de Nicolas Bonnemaison devant la Cour d'assises des Pyrénées-Atlantiques à Pau. Le docteur Bonnemaison comparaît jusqu'au 27 juin pour avoir abrégé la vie de sept patients âgés et très malades, en leur administrant des médicaments ayant entraîné leur mort, en dehors du cadre de la loi Leonetti sur la fin de vie. Il encourt la réclusion à perpétuité.

 

L'ancien ministre de la Santé a défendu ce vendredi les "illégalités fécondes " de médecins pour accompagner la fin de vie. "Il y a des domaines ou l'illégalité est féconde ", a-t-il déclaré en dressant un parallèle avec les "French doctors", dont il faisait partie, et qui allaient soigner des personnes dans des zone de guerre sans attendre d’autorisation. "Nous étions mis en prison et condamnés quand nous franchissions les frontières pour aller soigner les gens ", a rappelé le co-fondateur de Médecins du monde.

Faire évoluer la loi

Bernard Kouchner a appelé de ses vœux une évolution de la loi "au plus vite ". "Je déteste le mot euthanasie. Ce n'est pas loin du mot ingérence (...). C'est la souffrance des autres. Comment réagit-on ? Peut-on être indifférent ? ", a-t-il demandé devant la Cour. Si le docteur Bonnemaison "mérite des qualificatifs, ce n'est certainement pas celui d'assassin ". Sur ce point, Bernard Kouchner est du même avis que Jean Leonetti, l'auteur de la loi de 2005 sur la fin de vie.

 

"Que pensez-vous de la loi Leonetti ? ", lui a demandé le président de la Cour, "elle autorise la cessation de l’alimentation et de l’hydratation. J’ai trop vu de gens mourir de faim et de soif pour considérer que c’est un progrès ", a-t-il répondu. L’ancien ministre de la Santé a également estimé "qu'elle a sa place dans la chaîne du progrès, un élément qu'il conviendrait de dépasser au plus vite ", prédisant, "il y a eu, il y a une évolution sur la fin de vie. Elle vient, elle est là ". Il a regretté que sa Loi sur des droits des malades de 2002 qui évoquait l'interdiction de l'acharnement thérapeuthique ne soit pas allée assez loin.

"Mr Bonnemaison ne mérite le terme d'assassin" (Bernard Kouchner)

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