"Nous voulons que les hommes soient jugés dignement " : les avocats manifestent contre les box vitrés du nouveau palais de justice de Paris
Près de 200 avocats ont manifesté, lundi, dans le nouveau palais de justice de Paris pour dénoncer les box vitrés destinés aux prévenus dans les salles d'audience.
"Bienvenue au zoo" ou encore "Madame Belloubet, les avocats n'ont pas peur", voici ce qu'on pouvait lire sur les affichettes tenues par près de 200 avocats en robe, lundi 23 avril, dans le nouveau palais de justice de Paris. La profession dénonce ainsi l'installation de box vitrés, qu'elle assimile à des cages en verre et qu'elle juge, à l'instar du défenseur des droits, contraires à la présomption d'innocence et aux droits de la défense.
Les avocats mobilisés ont investi la salle des pas perdus, puis les deux salles où se sont tenues ensuite - sans heurts - les premières audiences correctionnelles du nouvel édifice.
La majorité des salles du tout nouveau palais ont été livrées avec des box vitrés pour les prévenus. Ces box tendent à se généraliser un peu partout en France depuis un arrêté ministériel d'août 2016. Pour les robes noires, c'est une folie. "Ça suffit ! Il faut établir un rapport de force, lance Me Christian Saint-Palais, le président de l'Association des avocats pénalistes (ADAP). Ce palais, nous voulons être fiers d'y plaider. Nous voulons donc que les hommes soient jugés dignement dans notre palais, puisque c'est aussi notre palais."
Quand vous enfermez quelqu'un dans une cage, avant même qu'il soit jugé, vous posez sur lui un postulat de dangerosité.
Christian Saint-Palais, avocat pénalisteà franceinfo
"Comment voulez-vous que sa parole ne soit pas dévalorisée, séparé de son juge par une vitre, qui ne le voit plus les yeux dans les yeux ?", poursuit l'avocat.
Quatre boxes vont être démontés
Grâce à leur mobilisation ces derniers jours, les contestataires ont obtenu que quatre de ces box soient démontés. Huit autres vont être réaménagés avec un espace libre de 50 cm à hauteur d'oreille pour permettre un dialogue sans entrave entre l'avocat et son client. C'est un début, mais c'est encore insuffisant, selon eux. "J'entends quelques promesses qui auraient pour objet d'enlever des vitres, indique Me Saint-Palais. Ça ne suffira pas. Il faut qu'on enlève aussi les plafonds qui sont des plafonds de fer grillagés qui symbolisent la cage. C'est une imagerie dont nous demandons l'abandon."
De son côté, Jean-Michel Hayat, le président du tribunal tient à rassurer, répétant que seuls les procès pour terrorisme et les procès de criminels en bande organisée auront lieu dans une salle équipée d'un box entièrement vitré.
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