"Ma fille, elle voulait vivre" : la mère de Clarissa Jean-Philippe face aux accusés du procès des attentats de janvier 2015 "pour comprendre"
La cour d'assises spéciale va se pencher sur la mort de Clarissa Jean-Philippe, policière municipale de 27 ans tuée à Montrouge par Amedy Coulibaly, au matin du 8 janvier. Sa mère, Marie-Louisa Jean-Philippe, sera présente à la barre.
Cinq ans n'auront pas été suffisants pour faire son deuil. Marie-Louisa est une mère fatiguée, usée par la souffrance, par le manque et le vide, mais une mère combattante qui a fait 7 000 km depuis son île de Martinique pour assister au procès des attentats de janvier 2015. "C'est une angoisse et j'ai peur. Il faut tenir pour elle. Je tiens mais ce n'est pas facile. On fait avec." Le 8 janvier 2015, sa fille Clarissa Jean-Philippe, policière municipale, a été abattue en pleine rue à Montrouge par Amedy Coulibaly. Le lendemain, celui-ci allait attaquer le magasin Hyper Cacher de la porte de Vincennes avant d'être tué par les forces.
"Faire avec". Faire aussi avec deux cancers contre lesquels elle se bat. Des problèmes de santé qui se sont aggravés depuis le décès de Clarissa. Elle ressent dans sa chair la douleur. "Mon médecin m'a dit que c'est le stress qui m'a fait ça. La tension, les cancers... Ce n'est pas bon pour moi. Ce procès remue beaucoup, beaucoup de choses. Ça me fait mal. Le nœud est là, tout le temps. Encastré."
Au départ, elle ne voulait pas venir au procès des attentats de janvier 2015. Son avocat l'a finalement convaincue. Désormais, elle tient à s'adresser aux accusés. "Je vais leur demander pourquoi ils ont tué des innocents qui étaient en pleine vie, qui voulaient vivre. Ma fille, elle voulait vivre, c'est tout ce qu'elle voulait. Je veux comprendre pourquoi ils ont fait cela."
Nous avons déjà préparé Mme Jean-Philippe à ne pas avoir de réponse, Quoi qu'il en soit, elle est venue. Elle a fait le trajet.
Nicolas Charles, avocat de Marie-Louisa Jean-Philippeà franceinfo
Dans le box, il n'y aura pas le meurtrier de sa fille. Pas sûr qu'elle ait les réponses qu'elle attend. "Elle a besoin de faire vivre sa fille pendant cet instant du procès, explique un de ses avocats, Nicolas Charles. Pour qu'elle puisse, au fond d'elle-même, avoir au moins la certitude d'avoir fait jusqu'au bout ce qu'il fallait pour avoir la réponse à cette question qui la ronge : pourquoi ?"
Pour faire revivre sa fille, elle va parler de sa passion de la police et de la justice, passion qu'elle exprimée dès 6 ans lorsque son père battait sa mère. "Elle disait à son papa : un jour je vais t'arrêter, tu vas voir ! Si tu touches maman, je t'arrête. Elle n'a pas eu le temps" souffle-t-elle. Alors pour sa fille, pour elle, elle prendra le temps de rester jusqu'à la fin du procès, jusqu'au verdict mi-novembre.
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