Cet article date de plus de neuf ans.

Procès du Carlton : les "soupapes de récréation" de DSK

Dominique Strauss-Kahn est entendu depuis mardi au procès du Carlton de Lille. L’ancien patron du FMI, poursuivi pour proxénétisme, a été confronté pour ce premier jour aux témoignages de deux des parties civiles, anciennes prostituées, Mounia et Jade. Récit en trois actes.
Article rédigé par Clara Beaudoux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
  (Dominique Strauss-Kahn à sa sortie de l'audience du procès du Carlton à Lille © Maxppp)

Coup de théâtre avant même le début de l'audience, puisque DSK a été accueilli ce mardi à Lille par trois Femen bondissantes. Ratée l'entrée discrète par le parking, pour l'ancien dirigeant du FMI, accusé de proxénétisme. Il comparaît avec 13 autres prévenus. 

 

VIDEO  ►►► Procès du Carlton : des Femen perturbent l'arrivée de DSK

Live-tweet  ►►► La première journée d'audience avec DSK

On a d’abord vu défiler à la barre les deux amis de DSK, instigateurs des soirées. Un David Roquet très fébrile, un Fabrice Paszkowski plus sûr de lui. Tous les deux ont reconnu que fréquenter DSK était une "opportunité ", c’est "enrichissant de l’avoir dans son carnet d’adresses ". L’ancien policier Jean-Christophe Lagarde l’a dit aussi "j'aime l'homme, j'aime son intelligence, j'étais flatté de pouvoir parler en direct avec lui ". Même s'ils assurent qu’ils n’en ont rien tiré professionnellement.

Acte I : Mounia "C'est son sourire qui m'a marqué du début à la fin"

Mounia, l'une des anciennes prostituées parties civiles, renifle et a du mal à parler quand le président lui demande d’évoquer un rapport sexuel avec DSK lors d'une rencontre à l'hôtel Murano à Paris. "Je ne voulais pas cette pratique, je pleurais beaucoup ", " je lui disais que j'avais très mal ". La femme ajoute : "C'est son sourire qui m'a marqué du début à la fin, il avait l'air d'apprécier tout ce qu'il faisait ". Un rapport brutal, "oui ", mais "consenti ", dit-elle, cachée entre ses cheveux et son écharpe. "Il me fallait cet argent, j'en avais besoin ".

 

Dans l'après-midi DSK reviendra sur cet épisode : "Je N'AI PAS senti de sa part une dénégation ferme, ni même une dénégation du tout ", dit-il. Avait-il remarqué qu'elle pleurait lors de la relation ?, demande le président. "Non absolument pas, ça m'aurait glacé ", rétorque DSK. "Nous n'avons pas vécu les mêmes scènes ", dit-il, expliquant qu'il y avait aussi "beaucoup de souvenirs dans tout ça ", "plus ou moins précis ".

 

Quant à ce qui intéresse les juges, savoir si oui ou non DSK savait qu'il avait devant lui une prostituée, pour elle "ça paraissait clair ", "on était là pour ce monsieur ", "c'était une atmosphère préparée, pour avoir des relations sexuelles avec DSK ", explique-t-elle, "sans mélange " donc loin, selon elle, de soirées libertines.

Acte II : DSK et ses "soupapes de récréation" 

Et c'est pourtant toute la défense de DSK. Ce qu'il a répété ce mardi, notamment à la fin de la journée : "Donc je maintiens que je n'ai jamais non seulement su, mais soupçonné, qu'il puisse y avoir des prostituées " à ces réunions, a-t-il dit. De toutes façons, il l'a dit aussi, le patron du FMI n'aurait pas apprécié qu'il s'agisse de prostituées, c'est d'ailleurs pour cela, explique-t-il, que son ami Fabrice le lui a a "caché ", "pour lui faire plaisir ".

 

"Ca ne me plaît pas car j'aime que ce soit la fête " "ludique " dit DSK, "pas de plaisir si une relation est à ce point glauque ". "C'était des rencontres de récréation ", a-t-il dit, "j'avais une vie trépidante avec quelques soupapes de récréation " comme celle-là.

DSK au tribunal dans l'affaire du Carlton : ce qu'en pense le psychanalyste Gérard Miller

 

Mais l'ex favori à la présidentielle a aussi minimisé ces moments. Dans "l'ordonnance de renvoi du tribunal, on a l'impression d'une activité frénétique où tout le monde ne faisait que ça ", dit-il. "Mais c'est quatre rencontres par an pendant trois ans ", précise DSK. Il explique l'organisation, par son ami Fabrice, qui lorsqu'il passait à Paris lui proposait d'organiser des déjeuners ou des "soirées plus ludiques ". "Je ne m'estime en rien organisateur de ces soirées, je n'avais pas le temps ", insiste-t-il.

Acte III : Jade "Un homme avec toutes ses domestiques autour"

Et puis Jade est arrivée à la barre dans un gros pull à rayures. Calme, posée, très précise dans les dates et les lieux, elle a déroulé sa version des faits, crûment. Elle a décrit la soirée à l'hôtel Murano avant que DSK n'arrive : "beaucoup de gens excités, ils disaient "il" "il" "il" arrive, mais je savais toujours pas qui c'était ". Puis une fois l'homme politique arrivé : "dans la pièce principale un grand lit ça faisait un peu comme dans le temps de l'Antiquité, un homme avec toutes ses domestiques autour ". 

 

"C'était pas du libertinage on m'aurait au moins demandé comment je m'appelais ", dit-elle. "Je n'étais qu'une chose qui devait accomplir une chose et je n'étais pas là en tant que personne " ajoute-t-elle. Elle précise que n'ayant pas la télévision, elle ne savait pas qui était DSK à cette époque :

Le passé douloureux de la femme a également été abordé, en partie seulement, entre prostitution, perte de la garde de ses enfants un temps, et tentative de suicide…"L'enveloppe a été abîmée étant plus jeune et après on habite une enveloppe ", dit-elle spontanément, de ces phrases qu'on se demande si elle les a préparées. Comme lorsque le président lui demande "Vous avez parlé à monsieur Strauss-Kahn ? ". "Pas vraiment je l'avais en bouche " répond Jade du tac au tac.

 

 

 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.