Vincent Lambert : le Conseil d'Etat tranche aujourd'hui
La fin d'un très long feuilleton ? Pas vraiment... C'est ce mardi après-midi, à 16 heures, que le Conseil d'Etat, réuni dans sa plus haute formation de jugement, l'assemblée du contentieux (17 juges au total), rend sa décision dans "l'affaire" Vincent Lambert. Vendredi, le rapporteur public s'était prononcé pour l'arrêt du traitement qui le maintient artificiellement en vie ; ce qui ne préjuge pas de la décision du Conseil.
Vincent Lambert, c'est cet infirmier de 38 ans, hospitalisé après un accident de la route en 2008, tétraplégique, en état "pauci-relationnel" depuis - un état de conscience limitée à des informations primaires, comme la lumière ou le bruit. Il souffre de "lésions cérébrales irréversibles, aucune communication sommaire n'a jamais pu être établie avec lui", constate le docteur Eric Kariger, qui dirige le service de soins palliatifs du CHU de Reims où il est hospitalisé.
Selon une expertise menée par trois médecins, à la demande du Conseil d'Etat, Vincent Lambert est "en état végétatif totalement inconscient" ; l'alimentation et l'hydratation qui lui sont prodiguées "n'ont d'autres effets que de le maintenir artificiellement emmuré dans sa nuit de solitude et d'inconscience" . Les experts considèrent qu'il est impossible d'interpréter ses réactions comme un souhait d'arrêter ou de prolonger le traitement.
La Cour européenne des droits de l'Homme saisie
Sauf que la morale s'en est mêlée : la famille s'est déchirée en deux. D'un côté, la femme de Vincent Lambert, Rachel, qui avec un neveu François, six frères et soeurs de Vincent, et le corps médical, demandent l'arrêt des soins - conformément à sa volonté. De l'autre, les parents, Pierre et Viviane Lambert, catholiques intégristes, qui, avec un frère et une soeur, l'estiment toujours présent et réclament son maintien en vie.
Mais l'affaire ne s'arrêtera pas à la décision du Conseil d'Etat. Les parents de Vincent Lambert ont en effet déjà saisi la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) a annoncé l'institution dans un communiqué mardi matin. Cette demande de "mesures provisoires" est parvenue lundi soir à Strasbourg. L'institutuion a indiqué que "la décision concernant la demande d'article 39 sera prise dès que possible après que l'arrêt aura été rendu par le Conseil d'Etat". L'article 39 du règlement de la Cour lui permet, lorsqu'il y a risque pour la vie ou l'intégrité d'une personne, de prescrire des mesures d'urgence à un Etat contre lequel est dirigée une requête, dans l'attente d'une décision ultérieure sur le fond.
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