Nucléaire : Nicolas Hulot estime avoir "pas mal de difficultés à imposer sa propre vision dans son propre pays"
Le ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, a expliqué, mardi sur France Inter, ne pas vouloir se prononcer sur la part du nucléaire en France dans l'avenir.
"J'ai déjà pas mal de difficultés à imposer ma propre vision dans mon propre pays, je ne vais pas interférer dans les politiques énergétiques des autres pays", a réagi Nicolas Hulot, mardi 13 mars sur France Inter, à l'évocation du projet de construction d'une centrale nucléaire de six réacteurs de type EPR par EDF à Jaitapur (Inde) lors de la visite d'Emmanuel Macron.
La délégation française s'est félicitée d'une "avancée majeure" dans ce dossier en discussion depuis une décennie et qui suscite une contestation locale pour des raisons environnementales. Les opposants mettent aussi en avant le fait que le site est propice aux tremblements de terre. Nicolas Hulot a estimé qu'avec le risque sismique "évidemment" il faut tout arrêter. Pour le ministre, "on ne sera jamais suffisamment prudent et précautionneux sur le nucléaire".
#le79inter @N_Hulot : "Force est de reconnaître que les déchets nucléaires sont bien embarrassants" pic.twitter.com/f5oCfhCpOB
— France Inter (@franceinter) 13 mars 2018
Un débat national, autour de la Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE), va être lancé, lundi 19 mars, et pour une durée de trois mois. Nicolas Hulot a indiqué ne pas vouloir se prononcer sur la part du nucléaire en France dans l'avenir. "Je reste convaincu que le nucléaire n'est plus une énergie d'avenir, a déclaré le ministre de la Transition écologique et solidaire. Je ne peux pas imposer ces convictions, je veux faire la démonstration de ce que je pense."
Nicolas Hulot a expliqué qu'il "y a des scénarios", mais que "plus personne ne propose un scénario pour les 50% à l'échelle de 2025, tout dépend de l'utilisation que l'on va faire du biogaz, de l'hydrogène, du stockage et de notre capacité à changer d'échelle dans le développement des énergies renouvelables". Dans un entretien au Figaro, vendredi 9 mars, Nicolas Hulot a déclaré souhaiter "qu'il y ait dans ce quinquennat une programmation des prochaines fermetures [de réacteurs nucléaires]." Et pour lui, "Fessenheim doit être le début de quelque chose, d'un mouvement irréversible".
Le ministre a dit souhaiter que "la programmation pluriannuelle de l'énergie ne soit pas un débat confisqué par les experts et que les Français se l'approprient et le co-construisent. On a une occasion, là, de penser printemps. Il faut qu'on se réjouisse de cette transformation". Pour Nicolas Hulot, "50% de nucléaire c'est un moment de vérité" : "Si on y arrive, on pourra peut-être aller plus loin. Si on n'y arrive pas, cela voudra dire que l'on devra garder un peu plus longtemps la part du nucléaire. Personnellement, je préfèrerais qu'on aille plus vite et plus loin. Si ce pays continue à être opposé à toute forme de nouvelles énergies, on ne va pas y arriver".
Si le climat et la biodiversité pouvaient figurer d'une manière ou d'une autre dans la Constitution, ce serait une avancée notable
Nicolas Hulotà France Inter
Alors que la Constitution va être réformée, notamment pour prendre en compte la lutte contre le réchauffement climatique, "on n'en fera jamais trop pour adapter le droit aux enjeux du XXIe siècle. Une société a tout à gagner à adapter son droit, à harmoniser son droit avec réalité et temps présent. Mettre le climat qui est un enjeu qui va traverser le XXIe siècle et la biodiversité qui conditionne, quelque part, l'avenir du l'humanité, c'est simplement du bon sens et j'espère qu'on mettra la barre la plus haute possible", a expliqué Nicolas Hulot. "Je plaiderai auprès du président, après c'est à Edouard Philippe et à Emmanuel Macron de trancher", a poursuivi le ministre de la Transition écologique.
Nicolas Hulot a estimé qu'à "un moment ou à un autre, il faut qu'on accepte notre vulnérabilité" par rapport au réchauffement climatique. "Notre intelligence est mise en demeure de prendre les conséquences de son propre succès. Le dénominateur commun à toutes les crises que nous traversons c'est la crise de l'excès. C'est ce qui fait notre charme et notre décadence."
En matière d'environnement, "on est rentrés dans la période de la rareté et dans la période de la vulnérabilité, parce que nous sommes fragiles, et rareté parce que nous avons pensé longtemps que l'abondance était la norme, mais l'abondance c'est l'exception", a rappelé Nicolas Hulot. "La rareté ça se pilote, la pénurie ça se subit. Nous avons intérêt à mettre très rapidement un bouclier juridique."
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