80 ans d'Oradour-sur-Glane : le récit de Roger Godfrin, seul enfant rescapé de la barbarie
Un petit garçon en culottes courtes, solennel et figé. Huit ans seulement, au milieu de son village en ruines. Roger Godfrin était le seul enfant rescapé du massacre d’Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne). Le 10 juin 1944, à 14 heures, une colonne de SS pénétrait dans le bourg. Du village, il ne restera que des ruines et 643 corps suppliciés, dont 205 enfants. 48 ans plus tard, Roger Godfrin était toujours hanté par la tragédie. "Ce massacre, ces flammes, on ne peut pas oublier. Je revois intégralement ce qu’il s’est passé, j’y pense tous les jours", confiait-il en 1992.
Toute sa famille tuée
Les SS étaient venus chercher les enfants à l’école. "Ses parents lui avaient dit : si tu vois les Allemands, il faut fuir, on se rejoindra tous dans le bois derrière le cimetière", raconte Benoit Sadry, président de l’Association nationale des familles des martyrs d’Oradour-sur-Glane. Roger Godfrin s’était alors sauvé, croisant sur sa route un homme fusillé, et un chien qu’il appelle Bobby. "J’ai entendu une rafale de mitraillette, et plus rien. Alors, j’ai levé la tête, et j’ai vu une boule (…). C’était mon Bobby. Ils l’avaient tué", se souvient-il, encore ému. Il dit ensuite être tombé dans le coma, et avoir été trouvé par un cantonnier.
Le lendemain, il apprendra la mort de ses parents, ainsi que de ses quatre frères et sœurs. Roger Godfrin a ensuite tout fait pour être heureux. Il s’est marié à 20 ans, et a eu deux enfants, auxquels il a demandé de mettre ses cendres dans l’église en ruine d’Oradour.
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