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Loi de bioéthique : "On a envie d'être protégées", clame la journaliste Marie Labory

La présentatrice d'Arte journal espère que la loi de bioéthique et sa mesure phare, l'accès à la PMA pour toutes les femmes, sera votée et "qu'une fois que cette loi sera passée, les manifestations et récriminations vont stopper ou s'estomper."

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Manifestation pour le projet de loi de bioéthique à Rennes, le 10 octobre 2020. (MARC OLLIVIER / MAXPPP)

"On a envie d'être protégées", clame lundi 7 juin sur franceinfo la journaliste Marie Labory alors que le projet de loi bioéthique qui doit permettre l'ouverture de la procréation médicalement asssistée (PMA) à toutes les femmes revient pour la troisième fois à l'Assemblée nationale.

"Des premiers enfants pourraient être conçus avant la fin de l'année 2021", a garanti le ministre de la Santé Olivier Véran. "Il y a des femmes qui attendent depuis 10 ans, c'est énorme !", réagit la présentatrice d'ARTE journal, elle-même maman de jumeaux nés d'une PMA effectuée en Espagne. Elle espère "qu'une fois que cette loi sera passée, les manifestations et récriminations vont stopper ou s'estomper."

franceinfo :  Est-ce qu'aujourd'hui vous vous dîtes que, enfin, on y est presque ? 

Marie Labory :  Bien sûr ! Il y a des femmes qui attendent depuis 10 ans, c'est énorme ! Dès 2012, le candidat François Hollande avait dit aux associations LGBT qu'il ouvrirait la PMA en même temps que le mariage pour toutes et tous. Ça n'a pas été le cas et ça a été énorme déception. Moi, je vous avoue que je n'ai pas attendu parce qu'aujourd'hui j'ai 45 ans et si j'avais attendu, vous imaginez bien que je n'aurais pas les jumeaux que j'ai. Je connais des femmes qui ont attendu avec une forme de fierté patriotique. Elles avaient envie de le faire en France mais, pour elles, c'est sûrement trop tard aujourd'hui. Alors, évidemment que, comme la droite le dit, ce n'est pas une urgence pour la majorité des Français. Nous sommes une minorité, mais la société se grandit en nous offrant les droits auxquels nous avons droit. 

Ce serait un soulagement de ne plus passer par le parcours de combattantes que certaines ont eu ?

Je l'espère. Ce qui va se passer de très important avec cette loi, c'est qu'il va y avoir la reconnaissance anticipée pour les couples femmes. La mère sociale, celle qui ne porte pas l'enfant et n'accouche pas, va reconnaître l'enfant avant qu'il naisse. Elle n'aura pas besoin d'adopter ses propres enfants. C'était quelque chose d'assez violent à vivre. Et puis j'ose espérer qu'une fois que cette loi sera passée, les manifestations et récriminations vont stopper ou s'estomper.

"Quand vous êtes enceinte ou avec vos enfants et que vous voyez 400 000 personnes défiler dans la rue contre vos droits et vous insulter… Qui vit ce genre de choses ?"

Marie Labory, journaliste

à franceinfo

Sans compter les agressions et insultes homophobes qu'on vit quotidiennement et qu'on apprend à gérer, ça fait beaucoup de choses quand même. On a envie d'être protégées !

Vos enfants le comprennent-ils et peuvent l'expliquer ?  

Les miens sont encore un peu petits mais de toute façon, comme l'explique très bien la sociologue Irène Théry, les couples de lesbiennes ne mentent pas à leurs enfants. Nous disons à nos enfants que s'ils sont nés, c'est grâce à la petite graine d'un monsieur qui a été gentil et qui nous l'a donné. On leur raconte au fur et à mesure de ce qu'ils peuvent comprendre donc mes enfants savent d'où ils viennent et ils le sauront de plus en plus. Ils vont donc aussi comprendre les récriminations, les critiques, voire les insultes qu'ils auront à subir. J'espère que je vais pouvoir les endurcir ou, au mieux, que ces critiques disparaîtront.

La PMA devrait être accessible à toutes mais, avec la levée de l'anonymat des donneurs de gamètes susceptible de réduire les stocks, l'accès ne sera-t-il pas plus compliqué et plus long ?  

Je vous avoue que je n'ai pas les chiffres mais je m'étais un peu penchée dessus et, dans les pays qui ont adopté la PMA pour toutes, il y a effectivement eu une petite baisse de gamètes à disposition. Mais ce n'a été que passager. Il faut surtout de la communication pour encourager le don, ce qui n'existe pas en France.

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