Ouverture de la PMA : trois chiffres sur les dons de sperme et d'ovocytes, après l'appel de l'Agence de la biomédecine
Les autorités sanitaires lancent jeudi une campagne pour le don de sperme et d'ovocytes, après l'ouverture de la procréation médicalement assistée aux couples de lesbiennes et aux femmes seules.
Le budget communication a été multiplié par cinq. L'Agence de la biomédecine a vu grand pour sa dernière campagne d'appel aux dons de spermatozoïdes et d'ovocytes. Objectif : toucher un plus large public afin de répondre à une demande croissante avec la récente ouverture de la PMA aux couples de lesbiennes et aux femmes seules. Des spots vont ainsi être diffusés à la télé, à la radio, au cinéma et sur les réseaux sociaux et des encarts publiés dans la presse écrite et en ligne. Pour rappel, le don de gamètes est gratuit, librement consenti et possible pour toute personne en bonne santé, âgée de 18 à 44 ans pour les hommes et de 18 à 37 ans pour les femmes.
Voici trois chiffres pour comprendre les enjeux de cette nouvelle campagne.
1317 hommes ont donné en 2019, contre 836 femmes
Selon les chiffres de 2019 communiqués par l'Agence de la biomédecine − ceux de 2020 ne sont pas encore disponibles −, les femmes sont plus nombreuses à donner leurs gamètes que les hommes. Cette année-là, 317 hommes ont donné des spermatozoïdes, un chiffre en baisse de 18% par rapport à 2018. Au contraire, 836 femmes ont fait un don d’ovocytes, soit 7,5% de plus en un an. La procédure est pourtant beaucoup plus lourde pour les femmes, avec traitement hormonal, échographies et ponctions à l'hôpital.
Malgré tout, le stock d'ovocytes est à "flux tendu". "Quand les donneuses font leur don, il est utilisé très rapidement ensuite, ce qui n'est pas le cas pour les spermatozoïdes", observe l'Agence de la biomédecine auprès de franceinfo. Fin 2019, 107 000 paillettes étaient stockées dans les cuves de spermatozoïdes.
S'il n'y a pas de pénurie de ce côté-là, la nouvelle loi peut modifier la donne pour deux raisons. Premièrement, le nouveau public concerné par l'ouverture de la PMA est féminin, ce qui peut engendrer une hausse de la demande de spermatozoïdes. Deuxièmement, la levée de l'anonymat des donneurs, permise par la loi de bioéthique, entraînera la destruction d'une partie du stock de paillettes actuel.
A partir du 1er septembre 2022, les donneurs et donneuses devront consentir à donner accès à leurs données si l'enfant né de ce don le demande. A moins qu'ils ne se manifestent pour donner leur accord, les anciens donneurs verront leurs paillettes détruites. Celles-ci peuvent être utilisées jusqu'à la publication du décret qui fixera la date de destruction, afin de reconstituer le stock pendant cette période de transition. D'où l'appel aux dons.
23 500 demandes supplémentaires envisagées d'ici la fin de l'année
Selon les chiffres de l'Agence de la biomédecine, 3 300 nouveaux couples ont été pris en charge en 2019 pour bénéficier de dons de gamètes et 4 000 couples étaient en attente d'un don d'ovocyte à la fin de cette même année. Ces gamètes étant plus rares et le stock inexistant, le délai d’attente peut aller jusqu’à deux ans en fonction des centres. Avec l'accès à la PMA des couples de lesbiennes et de femmes seules, l'agence estime à 3 500 le nombre de demandes supplémentaires entre septembre et décembre 2021. Mais ces demandes ne devraient pas allonger les délais d'attente puisqu'elles porteront avant tout sur des dons de spermatozoïdes.
Même si les hommes sont moins nombreux à donner, un donneur peut aider plusieurs couples en attente car des millions de spermatozoïdes sont collectés en un seul don, contre quelques ovocytes pour une femme.
31 396 bébés sont nés de ces dons en 2019
Grâce à la progression du don de gamètes en France depuis 2015, date à laquelle il a été ouvert aux personnes n'ayant jamais procréé, le nombre de naissances issues de ces dons a lui aussi augmenté. En 2018, 1 270 bébés sont nés d’une assistance médicale à la procréation avec don de gamètes. En 2019, ils étaient 1 396, dont 987 à la suite d'un don de spermatozoïdes et 409 d'un don d’ovocytes.
Malgré tout, le nombre de donneurs stagne depuis – voire régresse du côté des hommes – et ne suffit "pas à répondre aux besoins des couples infertiles en attente d’un don", déplore l'Agence de la biomédecine. Si elle espère récolter plus de dons avec sa campagne, pour davantage de bébés à la clé, elle vise aussi une diversification des origines géographiques des donneurs et des donneuses, dont le profil "ne représente pas suffisamment la société française dans son ensemble". "Concrètement, une femme noire qui souhaiterait avoir une donneuse qui lui ressemble attend nettement plus longtemps", relève-t-on à l'agence.
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