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Colère des surveillants de prison :"On se sent vulnérables et on n'a aucun moyen de se défendre", témoigne un gardien de Villepinte

La mobilisation des syndicats de gardiens de prison se poursuit mardi, alors que des négociations doivent reprendre avec la ministre de la Justice, Nicole Belloubet. 

Article rédigé par Sandrine Etoa-Andegue
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Des détenus dans la cour de la prison de Villepinte (Seine-Saint-Denis). (CHRISTOPHE PETIT TESSON / AFP)

Des syndicats de surveillants de prison appellent à nouveau au blocage des établissements mardi 23 janvier. Au 8e jour du conflit, les discussions entamées la veille avec la ministre de la Justice, Nicole Belloubet vont se poursuivre. Agressions récurrentes, manque d'effectifs et de moyens, des gardiens témoignent de conditions de travail difficiles,scomme Julien, 29 ans, à la maison d'arrêt de Villepinte (Seine-Saint-Denis) depuis deux ans. 

>>> Direct. Colère des surveillants de prison : au moins 72 établissements pénitentiaires totalement ou partiellement bloqués 

Julien a été agressé une première fois, alors qu'il était en poste depuis deux mois et demi. Un détenu l'attrape à la gorge. Sous le choc, il est arrêté dix jours. La deuxième fois, il y a un mois, il est frappé. Le surveillant de prison, délégué Force ouvrière, raconte qu'un détenu s’est jeté sur lui. "Il m'a décroché deux coups de poing au visage et un coup de pied au niveau de la tête. Je m’en suis tiré avec une entorse des cervicales", indique-t-il.

Psychologiquement ça marque et on refait la scène assez régulièrement.

Julien, surveillant de prison à Villepinte, près de Paris

à franceinfo

Le jeune surveillant explique gérer seul entre 100 et 120 détenus sur la coursive. Il décrit un quotidien pesant, la tension permanente avec les détenus qu'il côtoie toute la journée pour les activités sportives, les parloirs avec les familles, les douches. "On se sent vulnérables et on n’a aucun moyen de défense", dit-il.

Ce n’est pas avec notre sifflet qu’on va arriver à se défendre.

Julien

à franceinfo

A-t-il peur ? "Je vais travailler par moment avec la boule au ventre, reconnaît Julien. Sur Villepinte, les agressions verbales, c’est tous les jours. Les agressions physiques, une fois tous les deux ou trois jours." Le délégué syndical veut davantage de sécurité, un statut amélioré et un salaire revalorisé. Il gagne 1 550 euros, précise-t-il, ajoutant qu'au regard de "la dangerosité du métier" une augmentation de salaire est impérative. "Quand on voit la considération de nos dirigeants, c’est assez méprisant pour nous", dit le jeune gardien de prison. Mardi encore, aux côtés de ses collègues, il bloquera la prison de Villepinte, pour le huitième jour.

Colère des surveillants de prison :"On se sent vulnérable et on n'a aucun moyen de se défendre", témoigne un gardien de Villepinte - reportage Sandrine Etoa-Andegue

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