Meurtre d'une octogénaire juive : "Mourir dans des conditions comme ça, être brûlée, c'est quelque chose de terrible"
Deux personnes ont été mises en examen après le meurtre d'une dame juive de 85 ans, vendredi, à Paris. Mireille Knoll a été retrouvée poignardée de plusieurs coups de couteau dans son appartement en flammes. Le voisinage est sous le choc.
Mireille Knoll, 85 ans, se déplaçait avec difficulté mais tenait à faire sa promenade quotidienne où elle croisait souvent Philippe, dont la famille a aussi emménagé dans le 11e arrondissement de Paris, dans les années 60. "C’est quelqu’un qui était plutôt enjouée, raconte Philippe. Elle était très gentille et paraissait ne pas avoir d’activités qui puisse la mettre en danger. C’était quelqu’un d’extrêmement discret", ajoute-t-il, très ému.
Le parquet de Paris a retenu le qualificatif d'assassinat ainsi que le caractère antisémite du meurtre de l'octogénaire. Mireille Knoll a reçu plusieurs coups de couteau et son appartement a été incendié. Deux suspects ont été mis en examen pour homicide volontaire.
Rescapée de la rafle du Vel' d'Hiv
Mireille Knoll ne parlait presque jamais de son enfance où elle échappa de justesse à la rafle du rafle du Vel’ d'Hiv, les 16 et 17 juillet 1942, durant laquelle 13 000 juifs vivant à Paris ont été arrêtés et déportés. Mais elle retrouvait parfois son voisin du huitième étage, Félix qui préside l’association des enfants juifs rescapés du 11e.
"C’était une rescapée de la rafle du Vel’ d’Hiv et ça, ça m’a touché énormément parce que mes parents sont morts en déportation, lâche Félix, en colère. Quand-même, elle a vécu la guerre. Et mourir dans des conditions comme ça, être brûlée, c’est quelque chose de terrible", poursuit-il les larmes aux yeux.
Le souvenir du meurtre antisémite de Sarah Halimi
Sur la porte de l’appartement incendié, Félix veut afficher une vieille photo de Mireille Knoll. En contrebas, quelques bougies ont été déposées notamment par Evelyne Guggenheim, très active pour la reconnaissance du caractère antisémite dans le meurtre de Sarah Halimi, femme de confession juive de 65 ans, tuée en avril 2017. "Cela ressemble tellement à ce qui s’est passé pour Sarah Halimi", affirme Evelyne Guggenheim, choquée. Selon elle, ce nouveau drame aurait pu être évité.
On aurait dû mettre en place des mesures pour que des personnes isolées déposent des mains courantes dont on sait qu'elles ne servent à rien pour qu’on leur vienne en aide. On n’a rien fait. Pour nous, c’est une honte pour la France.
Evelyne Guggenheim, voisine de Mireille Knollfranceinfo
Les familles juives de la résidence ne veulent pas parler au micro. "On se découvre un voisin antisémite", explique l’un d’eux, gorge serrée. "Vous ne pouvez pas imaginer ce que ça fait". Une marche blanche est prévue mercredi 28 mars à 18h30 à Nation.
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