Appel à la démission des évêques : "Leur démission d'abord et l'indemnisation après", lance la théologienne Anne Soupa
Après la remise du rapport Sauvé sur la pédocriminalité dans l'Eglise catholique française, Anne Soupa et deux autres personnalités appellent à la "démission collective des évêques".
"Leur démission d'abord et l'indemnisation après", a estimé lundi 11 octobre sur franceinfo Anne Soupa, théologienne, qui a lancé avec Christine Pedotti, de Témoignage chrétien et le cofondateur de l'association de victimes La Parole libérée, François Devaux, un appel à la "démission collective des évêques de France" après la publication du rapport Sauvé. Après le choc et les révélations sur les crimes pédophiles dans l’Eglise en France depuis les années 50, les trois personnalités estiment que "face à la faillite, la démission des évêques est la seule issue honorable". Selon Anne Soupa, "dans n'importe quelle entreprise, pour 100 fois moins de dégâts, la démission aurait été exigée".
franceinfo : Pourquoi appelez-vous à cette démission collective ?
Anne Soupa : Je voudrais vous dire que je ne suis pas du tout une personne de gauche. Je suis parfaitement au centre et j'ai eu beaucoup, beaucoup de mal à me convaincre de demander cette démission parce que je suis une personne d’ordre, une personne qui respecte la loi, les habitudes de mon Église. Et je voudrais dire aux catholiques qui ont du mal à s’y résoudre que c'est une décision qui a moi aussi a coûtée.
Pourquoi faut-il s’y résoudre ?
Mais parce que dans n'importe quelle association, dans n'importe quelle entreprise, pour 100 fois moins de dégâts, la démission aurait été exigée. Tous les dirigeants auraient démissionné. Mais dans l'Eglise, qu'est ce qu'on fait ? Trois pater et deux ave et on recommence. Ce n’est pas sérieux. Comment est-ce qu'on peut prendre la mesure du dommage sans entrer dans les actes, sans entrer dans une décision coûteuse pour les évêques ? Il me paraît important qu'ils prennent conscience de la mesure du désastre dans lequel nous sommes. Et depuis 6 jours, le rapport Sauvé a été publié et depuis 6 jours, nous n’avons entendu aucune proposition de la Conférence des évêques de France pour rentrer dans un processus de réforme. Je comprends bien qu'on ne réforme pas l'Église en six jours, mais en six jours, on a le temps de dire que l'on peut envisager d’y penser.
Tous les évêques ne sont pas coupables ?
Bien sûr, c'est une question de solidarité entre les évêques. Il y a une solidarité collective des évêques. Dieu sait si on la voit souvent jouer cette solidarité contre des prises de parole des laïcs. Mais là, c'est le moment de montrer que devant l'ampleur du crime, ils sont solidaires alors qu'ils demandent aux fidèles d'aider à l'indemnisation... Eux ne seraient pas solidaires dans la démission, mais ça ne tient pas la route un raisonnement pareil ! Je suis solidaire des victimes. Je suis prête à ouvrir mon porte-monnaie pour les aider à se reconstruire. Ça me paraît logique, mais je ne suis pas solidaire des évêques qui ont dissimulé ces crimes. Si cette équipe d'évêques, effectivement, tourne la page, accepte sa responsabilité et se retire même si le pape a toute latitude pour en renommer une partie... Si cette équipe accepte de partir, là j'accepte de payer. Je suis solidaire parce que je reconnais que nous sommes déjà dans l'Église d’après et avec l'Église d'après on apure les dettes, on repart à zéro. Cela me paraît être la bonne solution pour indemniser les victimes. C’est vrai que l'Église de France n'est pas très riche. C'est vrai qu'elle n'a pas beaucoup les moyens, mais je ne peux pas être solidaire de ce qu'ils ont fait. Leur démission d'abord et l'indemnisation après.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.