Après la reconnaissance de faits de pédocriminalité dans l'Eglise, des fidèles demandent des réparations : "Sinon, ça ne sert à rien"
Quelques semaines après la publication du rapport Sauvé, plusieurs manifestations de catholiques ont eu lieu samedi pour faire pression sur les religieux réunis à Lourdes pour l'Assemblée des évêques de France.
Maintenant que la parole se libère, que l'omerta se brise, les fidèles veulent aller jusqu'au bout. Samedi 6 novembre des associations de victimes ont manifesté, à Paris, et à Lourdes où la pression s'accentue autour des hommes de Dieu. Lundi 8 novembre les conclusions de l'Assemblée des évêques de France à Lourdes seront connues. Le clergé promet des annonces fortes, un mois après la publication du rapport Sauvé sur les enfants victimes d'agressions sexuelles par des laïcs ou des religieux, et après avoir reconnu la responsabilité institutionnelle de l'Eglise dans ces crimes. Du côté des fidèles, les attentes sont très grandes.
"On a volé l'enfance, on a volé une partie de la vie de tous ces gens et j'espère que nos évêques vont enfin entendre l'esprit sain qui, je crois, leur a manqué", estime Christiane, une fidèle. Comme elle, d'autres croyants viennent à Lourdes interpeller les responsables religieux. "Vous avez la possibilité de dire à ces religieux : stop !", lance un fidèle.
"Pas mal de catholiques m'ont secoué", raconte un évêque
Face à eux, l'évêque de Versailles, Luc Crépy, habitué à ces appels à l'action depuis la publication du rapport Sauvé. "Déjà, dans mon diocèse, j'ai pas mal de catholiques qui m'ont secoué et qui m'ont dit : on compte sur vous, on espère que vous serez à la hauteur à Lourdes pour répondre aux grandes attentes et aux grands défis qui sont posés pas le rapport de la Ciase."
Parmi ces défis, la question de l'indemnisation des victimes. Joëlle y sera très attentive. "J'envoie des mails à mon évêque, aux prêtres de ma paroisse. J'essaie de leur expliquer que, par exemple, je donne au Denier de l'Eglise mais là je ne veux pas donner, dit-elle. Ils doivent réparer avec nous-mêmes."
"Nous-mêmes, les chrétiens, nous devons voir dans nos chapelles des œuvres décrochées. Nous devons souffrir avec les victimes matériellement, sinon ça veut dire qu'on est hypocrites."
Joëlle, une croyanteà franceinfo
La réparation et ses modalités, voilà ce qu'attend Marie-Hélène, 60 ans, agressée sexuellement quand elle était enfant et toujours traumatisée. "C'est la moindre des choses", explique-t-elle. Ces réparations lui permettraient de pouvoir "se soigner", "pouvoir me payer des soins". Pour elle, "la reconnaissance c'était la première étape, c'était indispensable" mais elle attend maintenant "la réparation, sinon ça ne sert à rien".
Les évêques promettent d'être "à la hauteur" en clôture de l'Assemblée plénière
avec l'annonce de mesures fortes.
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