Pédocriminalité dans l'Église : l'archevêque de Strasbourg se dit "ahuri" devant "des chiffres vertigineux"
L'enquête sur les abus sexuels dans l'Eglise parue ce mardi secoue la communauté ecclésiastique. Elle ouvre la voie à "un chemin abyssal" selon Mgr Luc Ravel, archevêque de Strasbourg.
"Ce sont des chiffres vertigineux, je suis ahuri", a réagi ce mardi 5 octobre sur franceinfo Mgr Ravel, archevêque du diocèse de Strasbourg, après les conclusions accablantes de l'enquête de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Eglise (Ciase) depuis 1950. Au total, le rapport estime à 216 000 le nombre de victimes d'abus sexuels par des clercs ou religieux, et plus de 330 000 victimes, si on ajoute les laïcs.
franceinfo : Que pensez-vous de ce rapport de la commission indépendante qui a enquêté sur les violences sexuelles au sein de l'Eglise catholique de France ?
Mgr Ravel : Ce sont des chiffres vertigineux et je n'ai aucune raison de contester ou de diminuer ce rapport et ces chiffres. Je suis ahuri devant les chiffres. Je ne pensais pas arriver à 330 000 victimes vivantes. Cela veut dire que derrière les 86 personnes victimes sur le diocèse de Strasbourg avec qui j'ai été en contact, il faut désormais que j'ajoute 6 000 ou 7 000 personnes. C'est une masse de souffrance accumulée incroyable.
"On a détourné la tête, les yeux et le cœur des victimes"
Mgr Ravel, archevêque de Strasbourgà franceinfo
Cette commission a-t-elle fait le travail que l'Eglise a été incapable de faire ?
Le fait qu'elle a travaillé de façon indépendante, scientifique, extrêmement humaine, c'est un travail que nous aurions été incapables de faire aujourd'hui. Devant les analyses incontestables et qui rejoignent les 100 dossiers que j'ai à Strasbourg, on ne peut qu'avoir honte. Nous partageons collectivement la responsabilité entière au point de vue institutionnel, même si, personnellement, je ne suis pas coupable.
Partagez-vous les recommandations de la commission ?
Je suis disposé à mettre en œuvre le plus tôt possible les 45 recommandations de la Ciase, dont une réparation financière pour les victimes. Le chemin qui s'ouvre devant nous est abyssal. Nous avions pensé à cinq, six, huit millions d'euros, en fait aujourd'hui il faudra peut-être compter en centaines de millions d'euros. C'est à l'Eglise de réparer et que chacun fasse un don. J'ai moi-même fait un premier don financier parce qu'il faut qu'on montre l'exemple. On va voir comment on peut au niveau des institutions, peut-être, vendre certains de nos patrimoines pour qu'on puisse être à la hauteur de ce qui est demandé par la Ciase et qu'on donne un signe fort. Il faut que nous passions de la parole aux actes.
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