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Pédocriminalité dans l'Eglise : "Cinq points pour un viol, c'est insultant", s'insurge François Devaux, ancien président de La Parole Libérée

Les victimes de pédocriminalité dans l'Eglise seront indemnisées à hauteur de 60 000 euros au maximum. Mais les barèmes mis en place par l'instance nationale choquent l'ancien président de l'association La Parole Libérée.

Article rédigé par franceinfo
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François Devaux, ancien président de l'association La parole libérée, s'exprime durant une conférence de presse le 5 octobre 2021. (THOMAS COEX / POOL)

Les victimes de pédocriminalité dans l'Eglise toucheront jusqu'à 60 000 euros d'indemnisation, a appris franceinfo mercredi 1er juin, auprès de l'Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation (Inirr) qui a fixé ce plafond. Invité de franceinfo ce mercredi, François Devaux, ancien président de l'association La Parole Libérée (dissoute en mars 2021) explique qu'il "peut comprendre qu'on ait fixé ces montants".

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En revanche, il se dit choqué par les barèmes mis en place par l'instance nationale : "Un viol unique vaut cinq points sur dix. Quand on sait qu’un garçon ou une fille qui a été violé a en général sa vie flinguée, cinq points ce n’est pas beaucoup. Ça me heurte et ça me met même en colère. Cinq points, c'est insultant". L'Inirr a construit une échelle d'évaluation pour estimer la gravité du préjudice subi par les victimes, et ensuite établir le montant de la réparation financière. Pour cela, elle prendra en compte trois critères : la nature des faits subis, les conséquences sur la victime et les manquements de l'Église.

Concernant l'évaluation des conséquences sur les victimes, François Devaux rappelle : "J'ai dû justifier lors de mon procès pénal de mon intérêt à agir. C'est une mise à nu particulièrement désagréable." Il est à l'origine de la plainte contre l'ex-prêtre Bernard Preynat. Ce dernier a été condamné à cinq ans de prison ferme pour des agressions sexuelles commises sur de jeunes scouts du diocèse de Lyon.

"Je ne sais pas qui a décidé"

Enfin, il estime que le troisième critère, sur la façon dont l'Église a réagi ou non, "est vraiment une blague". L'ancien président de l'association La Parole Libérée ne voit pas comment l'Instance nationale va parvenir à "évaluer la réaction de l'Église" alors que la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Eglise (Ciase) "parle de 200 000 à 300 000 victimes de l'Eglise" et alors que "l'ancien vice-président du Conseil d'Etat nous parle de crimes systémiques, terme qui n’existe même pas dans le code pénal". Puis, il s'interroge : "On va apprécier la réaction de l'Eglise qui, on le sait, a dissimulé des crimes partout dans le monde entier ?"

L'ancien président de La Parole Libérée dénonce par ailleurs une opacité. "Je ne sais pas qui a décidé, comment fonctionnent ces instances, qui fixe le barème, qui va noter les points que les victimes sont en mesure de faire valoir, s'il y a des recours possibles", déclare François Devaux Il s'étonne "qu'on sorte d'une institution Eglise qui a fait toute seule comme elle le voulait et qui a fait n'importe quoi, dans une totale opacité, avec la création de deux instances qui vraisemblablement fonctionnent de la même manière". Une autre commission indépendante, la Commission reconnaissance et réparation (CRR) s'occupe uniquement des victimes au sein des congrégations. Elle a retenu le même plafond d'indemnisation que l'Inirr.

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