Pédocriminalité dans l'Eglise : l'Espagne crée une commission d'enquête
Cette instance sera chargée "d'enquêter sur les actes personnels exécrables commis contre des enfants sans défense" et d'"identifier les personnes ayant commis ces abus, tout comme celles qui les ont couvertes ou protégées".
Toute la lumière sera-t-elle faite ? Les députés espagnols ont voté, jeudi 10 mars, la création d'une commission d'experts chargée de mener la première enquête officielle dans le pays sur la pédocriminalité dans l'Eglise catholique. A la différence d'autres pays comme l'Allemagne, l'Australie, les Etats-unis, la France ou l'Irlande, aucune enquête d'ampleur n'a été menée jusqu'ici sur les violences sexuelles contre les mineurs au sein de l'Eglise espagnole.
Cette initiative inédite, proposée par les socialistes au pouvoir et le parti basque PNV, a été approuvée par une très large majorité de 286 voix pour, 51 contre et deux abstentions dans une Chambre des députés qui compte 350 élus. Les députés du parti d'extrême-droite Vox ont été les seuls à s'opposer au texte, le Parti populaire (droite conservatrice) a finalement voté en sa faveur.
Le texte prévoit que cette commission indépendante sera présidée par le Défenseur du Peuple (équivalent du Défenseur des Droits en France) et formée de représentants de l'administration, des victimes et du clergé. Elle sera chargée "d'enquêter sur les actes personnels exécrables commis contre des enfants sans défense" et d'"identifier les personnes ayant commis ces abus, tout comme celles qui les ont couvertes ou protégées", avant de rédiger un rapport qui sera soumis au parlement pour son approbation.
Lancement d'un audit externe par l'Eglise espagnole
Faute de données officielles, le quotidien El Pais (en espagnol) avait lancé sa propre enquête en 2018, recensant 1 246 victimes depuis les années 1930. De son côté, l'Eglise a seulement reconnu 220 cas depuis 2001.
Souvent critiquée pour son attitude, l'Eglise espagnole a fait un premier pas fin février en annonçant le lancement d'un audit externe par un cabinet d'avocats qui a affirmé vouloir aller "jusqu'au bout" pour faire toute la lumière sur ces violences sexuelles. "Il nous semble que nous devons faire un pas de plus dans l'aide et le soutien aux victimes", avait alors affirmé le cardinal Juan José Omella, président de la CEE.
Le président du cabinet d'avocats retenu par l'Église (Cremades & Calvo Sotelo), Javier Cremades, a assuré que sa mission, qui durera en principe un an, s'appuierait sur le travail déjà effectué par les diocèses en Espagne, mais s'inspirerait aussi de "l'expérience positive" de la France et de la "méthodologie allemande".
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