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Reportage Code vestimentaire, aide aux devoirs, blocus qui dégénère... Les raisons de la colère au lycée Joliot-Curie de Nanterre

Depuis une semaine, plusieurs affrontements ont éclaté entre jeunes et forces de l'ordre devant cet établissement des Hauts-de-Seine. À l'origine, plusieurs sujets de tension depuis la rentrée entre les lycéens et la direction sur les vêtements autorisés ou non et l'aide aux devoirs.

Article rédigé par franceinfo - Thomas Giraudeau
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Des gendarmes sont positionnés devant le lycée Joliot-Curie à Nanterre, le 17 octobre 2022.  (BERTRAND GUAY / AFP)

Que se passe-t-il au lycée Joliot-Curie de Nanterre ? Depuis une semaine, plusieurs affrontements entre forces de l'ordre et jeunes secouent les abords de l'établissement dans les Hauts-de-Seine. Encore lundi 17 octobre, des échanges de tirs de mortiers d'artifice et de gaz lacrymogène ont eu lieu. Cinq mineurs ont été interpellés et placés en garde à vue.

Des jours de tensions, provoqués d'abord par un blocus des lycéens qui a dégénéré. Cette mobilisation des jeunes de cet établissement de Nanterre a plusieurs revendications, à l'origine de tensions entre les élèves et la direction. 

>> Nanterre : que se passe-t-il au lycée Joliot-Curie, théâtre de violents affrontements entre élèves et forces de l'ordre après un blocus ?

La première raison de la colère est vestimentaire. Depuis la rentrée, les lycéens de Joliot-Curie ont le sentiment qu'ils ne peuvent plus s'habiller librement. Tous les matins, à l'entrée de l'établissement, la proviseure et la CPE contrôlent, selon eux, leurs tenues. "L'année dernière, on avait le droit de s'habiller en robes longues, avec des ensembles larges, des kimonos et tout, cette année, on n'a plus le droit", explique cette lycéenne.

"À la rentrée, ils ont bloqué l'entrée à plusieurs filles parce qu'elles étaient habillées en robe longue et elles étaient considérées comme islamiques."

une élève du lycée Joliot-Curie

à franceinfo

La direction du lycée assimile ses robes longues aux abayas, des tuniques portées lors de fêtes musulmanes, qui peuvent être interdites en vertu de la laïcité. Mais certaines adolescentes racontent avoir été bloquées à l'entrée parce qu'elle portait une robe longue qui n'a rien à voir avec la religion. "J'ai eu une tenue ample il y a deux semaines, on m'a demandé de l'enlever complètement. Pour ma part, on peut être complexé de son propre corps ou avoir des jugements des garçons", raconte cette jeune fille. "C'est inadmissible de me demander de l'enlever et de rester avec une tenue près du corps qui est, pour moi, un complexe", insiste-t-elle.

Des remarques qui s'inscrivent dans un contexte particulier : au cours du mois de septembre 2022, 313 signalements d'atteinte au principe de la laïcité ont été recensés dans les 59 260 écoles et établissements du second degré, selon un communiqué du ministère de l'Education nationale et de la Jeunesse. Il n'y a pas de hausse significative par rapport à la période précédente, à savoir avril-mai-juin, où les données étaient calculées de façon trimestrielle et non de façon mensuelle. Plus de la moitié des faits d'atteinte au principe de la laïcité (51%) ont été signalés dans des lycées, 36% dans des collèges et 13% dans le premier degré. Les atteintes à la laïcité liées au port de vêtements et de signes religieux sont, elles, en forte augmentation.

Renforcer l'aide aux devoirs, une revendication acceptée par le rectorat

Mais cette question des vêtements n'est pas la seule qui crispe les esprits. Les lycéens soutiennent aussi un de leurs enseignants, suspendu et muté, sans raison valable selon lui. Une autre revendication, et sans doute la plus importante pour eux, est le rétablissement des heures d'aides aux devoirs après les cours. "C'est important de nous mettre ça à disposition car cette année c'est le bac", décrit Ilyes. "Si on n'a pas compris une notion pendant le cours, comme ça ils peuvent nous expliquer", poursuit-il. 

Mais depuis la rentrée, ces heures avaient quasiment disparu faute de moyens. Lors d'une réunion, lundi 17 octobre, la direction a annoncé que ces heures d'aides aux devoirs vont reprendre après les vacances de la Toussaint sur décision du rectorat. "Ils nous ont donné un petit papier, je l'ai là... Ils nous ont mis nos horaires", montre Ilyes. Une décision bienvenue pour lui comme pour son ami Nadir : "Sans ça, la moitié de mes notes seraient catastrophiques !"

Maintenant que le retour de l'aide aux devoirs est acté, Nadir estime que le blocus doit s'arrêter. Mais d'autres veulent malgré tout poursuivre l'action, pour dénoncer notamment les tensions et les affrontements de ces derniers jours avec les forces de l'ordre.

Comment expliquer les incidents au lycée Joliot-Curie de Nanterre ? - Le reportage de Thomas Giraudeau

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