Affaire Leonarda : la mobilisation lycéenne est-elle politique ?
Des milliers de lycéens se sont mobilisés, jeudi à Paris et dans toute la France, pour protester contre les expulsions de Leonarda et de Khatchik.
Des milliers de lycéens se sont mobilisés, jeudi 17 octobre à Paris et en régions, après l'expulsion de la collégienne kosovare Leonarda Dibrani, et du lycéen arménien Khatchik Khachatryan. Après avoir perturbé les accès à une vingtaine de lycées publics parisiens, sur un total d'une centaine, en début de matinée, les lycéens de la capitale (2 500 selon la police, 10 000 selon le syndicat Fidl) ont défilé depuis la place de la Nation jusqu'aux abords du ministère de l'Intérieur.
Jean-Luc Mélenchon, leader du Parti de gauche, sera présent vendredi auprès des lycéens, à Paris. "Demain il faut y être. Ecoutez-moi bien, les gens qui m'écoutez, demain si vous le pouvez, c'est votre devoir d'être dans la rue avec nos jeunes", a-t-il déclaré au micro de BFMTV.
Les syndicats lycéens en première ligne
Pour la Fidl, organisation lycéenne classée à gauche, cette mobilisation contre les expulsions d'élèves n'est pas nouvelle. "Ça fait plusieurs mois qu'on s'est mis en ordre de marche", insiste le syndicat auprès de francetv info. Localement, les lycéens de l'Union nationale lycéenne (un autre syndicat) sont mobilisés "depuis un petit bout de temps", déclare à francetv info son président, Ivan Dementhon.
A Paris, la mobilisation s'est emballée lorsque Khatchik Khachatryan, un jeune lycéen de 19 ans, scolarisé au lycée Camille Jenatzy en CAP, a été interpellé, en septembre. "Jeudi dernier, à l'aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle, on a réussi à bloquer l'avion qui devait l'expulser", raconte la Fidl. Mais un autre avion l'a amené hors des frontières françaises, samedi, à six heures du matin. "Nous n'avons pas eu le temps de réagir et de mobiliser assez de personnes", reconnaît l'organisation.
"Le cas de Leonarda a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase", abonde Ivan Dementhon. Et d'ajouter : "Ce n'est pas humain. C'est indigne de la France des droits de l'homme." "On a des lycéens qui se rendent compte que ce n'est pas normal d'avoir des camarades qui sont expulsés parce qu'ils n'ont pas de pièce d'identité", poursuit la Fidl. De son côté, le syndicat UNI-Lycée (classé à droite) demande "la plus grande fermeté de la part du ministre à l'encontre des agitateurs qui empêchent la reprise des cours".
La position délicate des jeunes socialistes
Le Snes-FSU, syndicat national des enseignements du second degré, et la FCPE, principale fédération de parents d'élèves, soutiennent le mouvement. La Fidl et l'UNL confirment également à francetv info la présence à leurs côtés des Jeunes communistes de Paris, des jeunes du NPA, avec qui ils échangent très régulièrement. Mais "c'est un mouvement syndical et associatif, pas politique", insiste Ivan Dementhon, tout comme la Fidl. Reste que "si les partis politiques veulent se joindre, ils le peuvent", nuance le président de l'UNL.
Qu'en est-il du mouvement des jeunes socialistes (MJS), après la tribune incendiaire de son président ? Mercredi, sur le Huffington Post, Thierry Marchal-Beck a vivement critiqué la "politique du chiffre" menée par le gouvernement sur l'immigration. Il a même mis en doute l'orientation politique de l'exécutif. "Le changement, c'est assumer nos valeurs et ce que nous sommes : de gauche", a-t-il écrit.
Joint par francetv info, le MJS explique qu'il n'a pas appelé à manifester, mais qu'il n'empêche pas les jeunes socialistes de battre le pavé. "Il n'y a pas de rupture avec le gouvernement. Nous contestons la politique du chiffre. Un point de vue d'ailleurs exprimé par des personnalités au sein du PS", remarque-t-il.
Pour la Fidl, il est normal que le MJS n'appelle pas à manifester contre un gouvernement socialiste : "C'est délicat". Mais le syndicat estime que le message des jeunes du PS est clair : ils "cautionnent ce qui se passe."
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