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Hommage aux Justes : "L'héroïsme de ces gens est resté le plus souvent caché", explique Patrick Klugman, président du Comité français pour Yad Vashem

Ce dimanche est la Journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l'État français.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Patrick Klugman, avocat et président du Comité français pour Yad Vashem, à Paris le 1er octobre 2019. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

"L'héroïsme des Justes est resté le plus souvent caché, ce sont des gens qui n'ont jamais demandé à être reconnus", a déclaré dimanche 16 juillet sur franceinfo Patrick Klugman, avocat, président du Comité français pour Yad Vashem, Institut international pour la mémoire de la Shoah, alors que nous célébrons en ce 16 juillet la Journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l'État français.

Les 16 et 17 juillet 1942 à Paris et dans sa banlieue a lieu la rafle du Vél d'Hiv, 13 000 Juifs sont arrêtés, enfermés par la police française et déportés par les nazis. Cette journée de commémoration est l'occasion de rendre hommage aux Justes, ceux qui ont protégé, caché des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. "On les trouve dans tous les milieux, dans toutes les régions" de France, a indiqué l'avocat.

franceinfo : Combien reste-t-il de Justes vivant en France ?

Patrick Klugman : Je ne connais pas la réponse à cette question, mais évidemment, la plupart des Justes ne sont plus vivants. La plupart des Justes sont même souvent honorés après leur mort. C'est ça qui est incroyable. L'héroïsme de ces gens est resté le plus souvent caché. Les Justes, ce sont des gens qui n'ont jamais demandé à être reconnus.

"Les Justes sont des personnes qui, au péril de leur vie, ont conduit une action exemplaire et qui ont été honorées, reconnues souvent évidemment par les familles, par les enfants qui ont été sauvés."

Patrick Klugman, président du Comité français pour Yad Vashem

à franceinfo

Le Juste est un personnage dont l'honneur a été très souvent secret jusqu'au bout. Il n'y a que ceux qui ont eu des faits à se reprocher, qui ont essayé de s'inventer des faits d'héroïsme à la Libération ou après-guerre. Les vrais Justes, eux, ont toujours dit que ce qu'ils ont fait était normal alors que c'était exceptionnel et n'ont jamais réclamé la moindre reconnaissance. Cela a rendu leur existence difficile à connaître. C'est la mission de Yad Vashem.

Ils viennent de conditions sociales très différentes ?

On les trouve dans tous les milieux, dans toutes les régions. Vous en avez évidemment jusque dans la police, dans la fonction publique, vous en avez évidemment dans l'Église, vous en avez dans les campagnes, vous en avez absolument partout. Par exemple, le commissaire de police du deuxième arrondissement [de Paris] quand il apprend que la rafle va être commise, quand cela va lui être notifié, il court lui-même  au-devant de tous ceux qu'il connaît, les Juifs de son arrondissement, pour les prévenir, les alerter, leur demander de fuir. Ce sont des faits inimaginables. Et pourtant, ils se sont produits.

C'est important de rappeler qu'il y a aussi cette part de la France qui existe ?

Le Vel d'Hiv, c'est vraiment la concentration du pire et du meilleur de la France. Je ne peux pas dire autre chose. C'est la trahison de l'Etat, du gouvernement et c'est l'héroïsme d'individus tout en bas de l'échelle qui ne pensent à rien, qui ne cherchent pas de récompense, qui n'ont rien à gagner, mais qui exercent là ce qu'ils conçoivent être leur part d'humanité. Vraiment, le Vel d'Hiv, c'est le pire et le meilleur de la France. Nous cherchons aujourd'hui sur les lieux du crime à commémorer ces deux parts-là. Rappeler le pire et à rappeler le meilleur, l'héroïsme des Justes.

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