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"Ils méritent tellement cette reconnaissance" : neuf tirailleurs sénégalais s'envolent définitivement pour leur terre natale, tout en continuant de toucher le minimum vieillesse

Un premier groupe de neuf tirailleurs s'apprête à rentrer définitivement dans leur pays d'origine. "Il vaut mieux tard que jamais", réagit Aïssata Seck, présidente de l'Association pour la mémoire et l'histoire des tirailleurs sénégalais.
Article rédigé par franceinfo
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Aïssata Seck, présidente et fondatrice de l'Association pour la mémoire et l'histoire des tirailleurs sénégalais, le 17 avril 2023 à Bondy (Seine-Saint-Denis). (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

"C'est une victoire, c'est pour moi une forme de réparation", commente sur franceinfo Aïssata Seck, présidente et fondatrice de l'Association pour la mémoire et l'histoire des tirailleurs sénégalais, créée en 2008 notamment pour permettre à ces vétérans de vivre dignement. Vendredi 28 avril, un premier groupe d'anciens combattants recrutés par l'armée française, pour la plupart sénégalais, s'apprête à prendre l'avion pour un retour définitif au Sénégal. Un retour rendu possible par une mesure dérogatoire décidée par le gouvernement français, qui leur permet de vivre en permanence dans leur pays d'origine, sans perdre leur allocation minimum vieillesse de 950 euros par mois.

"C'est l'aboutissement d'un combat"

Aïssata Seck

à franceinfo

Neuf anciens combattants, âgés entre 85 et 95 ans, s'envolent vendredi 28 avril depuis l'aéroport de Roissy. Le parcours a été long : en 2006 et 2007, le film Indigènes de Rachid Bouchareb permet aux tirailleurs sénégalais de toucher la même pension que les anciens combattants français. "En 2016, j’ai lancé une pétition pour que ces anciens qui avaient fait la demande de nationalité française puissent l’obtenir, puisque jusque-là, ils étaient confrontés à un certain nombre de démarches administratives complexes, comme par exemple fournir l’acte de naissance des parents alors qu’on sait que dans ces pays d’origine, il n’existait pas", explique la présidente de l'association.

"Depuis cinq ans, ils avaient émis le souhait de pouvoir rentrer chez eux, tout en continuant à percevoir cette allocation minimum vieillesse", confie-t-elle. Jusqu'à l'annonce début janvier de cette dérogation, les vétérans avaient pour obligation de rester six mois en France pour bénéficier de l'allocation de 950 euros. "Leur vie est coupée en deux, ils ont des attaches dans les deux pays", explique Aïssata Seck.

Une quarantaine d'anciens combattants concernés

Le corps d'infanterie des "tirailleurs", créé au Sénégal par Napoléon III en 1857, est devenu un terme pour désigner l'ensemble des soldats d'Afrique qui se battaient dans les rangs français. Ils furent plus de 200 000 à combattre durant la Première Guerre mondiale, 150 000 durant la Seconde et 60 000 en Indochine.

"Ça arrive un peu tard, dans le sens où beaucoup attendaient ce retour, mais sont malheureusement décédés depuis" déplore Aïssata Seck. "Je me dis qu'il vaut mieux tard que jamais tant qu'on peut permettre à une quarantaine d'hommes de rentrer dignement". De nouveaux départs sont en effet à prévoir d'ici la fin de l'année, le temps que les anciens combattants se préparent au retour. "Évidemment beaucoup d’autres combats sont à mener, il y a tout le travail de mémoire à faire autour de cette histoire coloniale riche de sa diversité, mais qui est trop peu connue", ajoute-elle.

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