Permis de conduire à 17 ans : un "effet d'annonce auprès des jeunes" qui "met en jeu leur sécurité", dénonce la Ligue contre la violence routière
Le passage du permis de conduire à 17 ans est un "effet d'annonce auprès des jeunes" qui "met en jeu leur sécurité", dénonce Pierre Lagache, vice-président de la Ligue contre la violence routière, sur franceinfo ce mardi, après l'annonce d'Elisabeth Borne. La Première ministre a confirmé "qu'à partir de janvier 2024, on pourra passer son permis à 17 ans et conduire à 17 ans".
Êtes-vous convaincu par cette mesure ?
Pas du tout. Nous sommes à la fois inquiets sur la question de la sécurité routière pour nos jeunes, et assez dubitatifs sur la question des mobilités. Il faut rappeler que les jeunes paient toujours, malheureusement, un lourd tribut à la sécurité routière puisqu'ils représentent 9% de la classe d'âge et 17% des morts sur les routes. Sur cette classe d'âge de 18 à 24 ans, on a déjà un constat qui n'est pas satisfaisant, qui est d'une certaine façon un peu un constat d'échec. Donc, plutôt que de se consacrer sur cet enjeu de sécurité routière et de protection de nos jeunes, on élargit la classe d'âge. C'est curieux comme attitude et c'est vraiment très inquiétant.
La Première ministre met en avant ces jeunes qui ne peuvent pas se déplacer dans les zones rurales. Cela pourrait leur permettre d'avoir accès à l'apprentissage, à l'emploi, aux loisirs. Alors pourquoi pas ?
La ruralité est souvent mise en avant, comme dans l'argumentaire sécurité routière. Si je prends l'exemple de la limitation à 80 km/h sur les départementales, on nous expliquait que les territoires ruraux seraient extrêmement pénalisés. Résultat des courses, on perd une seconde sur deux heures de temps au kilomètre parcouru. Notre objectif en milieu rural, c'est d'abord de protéger nos jeunes.
Est-ce qu'on dispose d'études éclairées, d'avis d'experts qui nous rassurent sur cette question ? Je ne vois aucun argument avancé par le gouvernement sur cette question de la sécurité. Effectivement, quelques pays sont à 17 ans, mais je pense que quand on prend ce type de mesure qui met en jeu la sécurité de nos jeunes, on est en attente quand même d'un plus de réflexion et d'expertise sur le sujet.
Pour vous, c'est de la communication ? Une mesure populiste ?
Nous comprenons qu'il y avait quelques effets d'annonce à faire auprès des jeunes. La sécurité routière et l'apprentissage de la conduite ont été identifiés comme un bon argument. Je crains que ça ne soit qu'une affaire de communication. C'est une mesure qui va faire plaisir à certains jeunes, c'est évident. Peut-être pas la majorité d'ailleurs, parce que, quand on les questionne, les jeunes sont aussi lucides sur leurs capacités et sur leurs limites. L'unanimité n'est pas forcément au rendez-vous quand on les questionne sur l'âge auquel ils se sentent prêts pour être en autonomie sur la conduite. On a eu des réussites avec la conduite accompagnée. Pourquoi ne pas se fixer cette priorité d'augmenter cette bonne pratique qui a donné des résultats ? Ça nous semble un projet intéressant.
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