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Thierry Lepaon : "J’ai vécu l’enfer"

Thierry Lepaon se confie à France Info sept mois après son départ forcé de la CGT. Il confie avoir pensé au pire et affirme qu’il a identifié qui sont les "traîtres".
Article rédigé par Sébastien Baer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (Thierry Lepaon a reçu Sébastien Baer chez lui en Normandie © RF-Sébastien Baer)

C'est un témoignage exclusif. Thierry Lepaon, l'ancien secrétaire général de la CGT, s'exprime sur France Info. C'est l'une des rares fois que l'ex-patron de la centrale syndicale accepte de témoigner. Au micro de Sébastien Baer, Thierry Lepaon revient sur son départ forcé de la CGT, le 7 janvier dernier. La crise avait duré 90 jours. L'ex-secrétaire de la CGT avait été mis en cause dans l'affaire de la coûteuse rénovation de son appartement de fonction et de son bureau. Il a finalement été blanchi en avril dernier.

"Pour en sortir, si la solution ce n'est pas de mettre fin à ses jours"

 

Sept mois plus tard, il confie avoir traversé un cauchemar et avoir pensé au pire. "J'ai vécu l'enfer. Ce qu'on appelle l'enfer. L'enfer peut vous conduire à faire des choses qui sont inéluctables. Je suis passé à côté. Juste à côté. Ce sont des choses auxquelles je n'étais pas préparé ". L’ex-secrétaire général de la CGT se souvient de tout ce qu’on a dit sur lui : "Quand on a comparé Thierry Lepaon à la famille Balkany, quand on m'a comparé à tous ceux qui ont usé de leur pouvoir pour s'enrichir personnellement ".

"J'ai eu affaire à des traîtres", confie Thierry Lepaon à France Info, sept mois après sa démission forcée de la CGT
 

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Les mots ont été très amers : "Quand la presse m'a qualifié de "Lepaon – bling"… Bling – bling, c'est l'expression que l'on collait à la peau de Nicolas Sarkozy. Forcément, cela laisse des traces dans la tête! On n'en sort pas comme cela! Et on se demande, un moment donné si, pour en sortir, si la solution ce n'est pas de mettre fin à ses jours ".

Trahi par les siens

Thierry Lepaon se refait le film de ces mois où certains ont tout fait pour le faire tomber. "Je pense que je n'ai pas vu l'offensive, la portée de l'offensive et son organisation. Quand on est secrétaire général de la CGT, on n'imagine pas que l'on peut être trahi par les siens. On n'imagine pas que des dirigeants de la CGT vont aller faire le tour de trois grands médias nationaux pour leur porter des documents qu'ils ont volés en interne pour des questions de pouvoir, pour des questions d'orientation, pour se maintenir au sein même de l'organisation. On n'imagine pas que des camarades puissent porter un tel coup à leur organisation pour des questions de pouvoir ou d'enjeu de l'organisation ".

"Je ressens de la colère et de l'injustice. J'aurais aimé terminer le travail que j'ai commencé"

 

Thierry Lepaon a identifié ses détracteurs. "Je sais en grande partie quelles sont les neuf personnes qui sont allées le même jour à la même heure dans les trois journaux qui ont parlé pendant plusieurs semaines de l'affaire. J'ai eu affaire à des traîtres. Ce n'est pas à moi de me faire justice. C'est à la CGT, à l'organisation ".

 

"Jamais je n'ai mis autant de temps pour écrire trois phrases", dit Thierry Lepaon sur sa lettre de démission

 

Pour se venger, va-t-il donner les noms de ces "traîtres " ? Non. "Je ne suis pas quelqu'un qui va dénoncer dans la presse qui sont les coupables. Sur les neuf, j'en connais sept parfaitement. Je les jugeais comme des militants avides de pouvoir et pas très honnêtes. J'aurais rêvé avoir des combattants politiques. Au lieu d'avoir des gens politiques, j'ai eu des gens manœuvriers qui se sont servis de la presse ".

 

"A force d'être trahi, d'être malmené, physiquement je n'étais plus en capacité de diriger la CGT et de la rassembler. Je devenais un moyen de division"

 

"J'ai mis beaucoup de temps à faire ma lettre de démission. Jamais je n'ai mis autant de temps pour écrire trois phrases ". Thierry Lepaon a annoncé sa démission le 7 janvier, jour des attentats de Charlie Hebdo. "J'étais dans la salle de la CE confédérale quand j'ai appris presqu'en direct les attentats de Charlie Hebdo. J'en connaissais beaucoup forcément. J'ai été profondément meurtri. J'avais pris ma décision la veille ". Depuis, Thierry Lepaon écrit un livre où il se confie,  La vie continue , sortira début septembre aux éditions du Cherche-midi

 

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