Lutte contre les violences faites aux femmes : "La différence entre la France et l'Espagne, ce sont les moyens", assure l'historienne Christelle Taraud
L'Assemblée nationale a voté contre l'avis du gouvernement, jeudi 1er décembre, une proposition de loi des Républicains pour lutter contre les violences conjugales. Le texte du député LR du Lot Aurélien Pradié prévoit la création d'une "juridiction spécialisée dans les violences intrafamiliales."
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Trois ans après le "Grenelle des violences conjugales", la France ne semble pas parvenir à inverser la tendance. Le nombre de féminicides a augmenté de 20% en France en 2021 (122, contre 102). Mi-novembre un collectif associatif estimait que 100 femmes avaient déjà été tuées sous les coups de leur conjoint en 2022. Alors que l’Espagne est souvent montrée en exemple sur le sujet de la lutte contre les violences faites aux femmes, pour l’historienne Christelle Taraud, autrice des Féminicides une histoire mondiale, aux éditions La Découverte, "la différence entre la France et l’Espagne, ce sont les moyens. En Espagne, ça fonctionne parce que la partie répressive de la chaîne est extrêmement efficace, estime l'historienne. Au final, l’homme violent fait le compte entre ce qu’il risque et ce qu’il ne risque pas de manière très concrète", a-t-elle expliqué, jeudi 1er décembre, lors du Talk de franceinfo sur Twitch.
La formation "des acteurs de la chaîne de répression"
Il existe désormais en Espagne un parquet national contre ces violences, composé de magistrats spécialisés. Ceux-ci détiennent une double compétence pénale et civile, et disposent de 72 heures pour traiter un dossier. "En Espagne la lutte contre les violences faites aux femmes a été très prise au sérieux. Le gouvernement espagnol a mis un milliard d’euros sur la table [un budget d’un milliard d’euros sur cinq ans a été prévu en décembre 2017], reprend Christelle Taraud. Le nombre de féminicides a chuté. Fin novembre, il y en avait eu 22 sur l’ensemble de l’année, ce qui est encore trop bien évidement, parce que 22 femmes ont perdu la vie. Il y a des juridictions d’exception qui sont en général dirigées par des magistrates. C’est une formation tous azimuts de tous les secteurs de la chaîne de répression, en particulier des policiers et surtout des policières", conclut-elle.
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