Syrie. Les critiques de Nicolas Sarkozy enflamment la classe politique
L'ancien président s'est récemment entretenu avec le président du Conseil national syrien et aurait dénoncé "l'immobilisme" de François Hollande.
POLITIQUE - L'intervention de Nicolas Sarkozy dans le dossier syrien, et ses critiques à l'égard de l'immobilisme de François Hollande déplaisent à la gauche et enflamment la droite. L'ancien président de la République s'est entretenu mardi 7 août par téléphone avec le président du Conseil national syrien (CNS) et principal chef de l'opposition, Abdelbasset Sieda.
Cet entretien a fait suite à un cortège de critiques des responsables de l'UMP contre l'inertie présumée du nouveau chef de l'Etat.
Les critiques de la droite fusent
L'UMP a aussitôt saisi la balle au bond. "Hollande ne peut pas faire moins que Sarkozy : la France doit intervenir militairement pour faire cesser les massacres en Syrie", a dénoncé mercredi 8 août le secrétaire national Philippe Juvin, qualifiant "d'attentisme criminel" l'attitude du chef de l'Etat.
L'ex-ministre sarkozyste Nadine Morano a renchéri sur Twitter :
#Hollande est en vacances #Sarkozy aussi mais comme toujours actif à s'intéresser au dossier Syrien comme en 2008 pour la Géorgie.
— Nadine Morano (@nadine__morano) agosto 8, 2012
L'ancien secrétaire d'Etat UMP, Frédéric Lefebvre, a lui estimé dans un communiqué que François Hollande devait "interrompre immédiatement ses vacances" pour que la France puisse "prendre la tête" d'une "réaction internationale rapide". Le sénateur UMP des Hauts-de-Seine, Roger Karoutchi, a quant à lui affirmé : "Avec François Hollande, on a l'impression que la France n'a plus de bras et plus de jambes".
"Une analyse rapide" selon Fabius
Le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a réagi jeudi 9 août à l'attitude de Nicolas Sarkozy dans Le Parisien/Aujourd'hui en France : "On attendrait autre chose de la part d'un ancien président", lâche ainsi le chef de la diplomatie française, ajoutant que "dans des circonstances aussi graves, il vaut mieux faire bloc avec la politique de son pays".
Alors que l'ancien président a rapproché les crises syrienne et libyenne, Laurent Fabius explique que "sur le fond, la situation de la Syrie est très différente de celle de la Libye", notamment "d'un point de vue géostratégique" et sur le plan militaire.
"Les différences sont si manifestes qu'aucun pays n'a demandé ni souhaité une intervention militaire, ce qui n'était pas le cas pour la Libye, ajoute le ministre des Affaires étrangères. Tout ceci fait que je suis en effet surpris qu'on puisse avoir exercé d'importantes responsabilités et livrer une analyse aussi rapide…"
Les réactions au PS se multiplient
L'exécutif n'a pas commenté les propos de Nicolas Sarkozy. Toutefois, dans la soirée de mardi, Matignon a rappelé qu'une aide médicale d'urgence pour les victimes des combats en Syrie allait être envoyée jeudi 8 et samedi 11 août.
Mais c'est bien à gauche que les critiques relatives à la sortie de Sarkozy ont été les plus sévères. Le député PS Jean-Christophe Cambadélis a jugé sur son site "inopportune et inélégante" la réaction de l'ancien président, alors qu'à ses yeux la France est "à l'avant-garde du soutien à la révolution syrienne". Martine Aubry a qualifié sur le site du PS d'"irresponsables" ses déclarations, estimant que "notre pays devrait être uni pour soutenir l'action" française.
"Ce sont des sujets difficiles, sur lesquels il faut que l'on parle d'une seule voix, pour ne pas affaiblir la France, et sur lesquels on ne doit pas chercher la polémique", a également déclaré, sur le site du MoDem, la députée européenne Marielle de Sarnez. L'ancien ministre des Affaires étrangères socialiste, Hubert Védrine, a préféré livrer son analyse géopolitique de la situation jeudi sur France 2 : "La Syrie et la Libye ne sont pas du tout comparables."
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