Tour de France 2024 : un parcours réussi, des victoires françaises, le despotisme de Pogacar, un record.... Ce qu'on a aimé et moins aimé de la 111e édition

Marquée par beaucoup de nouveautés et de surprises, l'édition 2024 s'est refermée, dimanche, avec le troisième sacre de Tadej Pogacar.
Article rédigé par Théo Gicquel - envoyé spécial à Nice
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 7 min
Romain Bardet, Tadej Pogacar et Mark Cavendish lors du Tour de France 2024. (AFP / MAXPPP)

La 111e édition du Tour de France s'est conclue, dimanche 21 juillet, à Nice par la sixième victoire d'étape et le sacre final de Tadej Pogacar, qui reprend son trône après deux ans en tant que dauphin de Jonas Vingegaard.

La conclusion d'une édition riche en premières et en surprises, mais pas vraiment en suspense. Voici ce que l'on a aimé et moins aimé de ce Tour de France 2024.

On a aimé : 

Un parcours bien dessiné et avec peu de chutes

Le Tour de France innove chaque année, notamment en première semaine, pour proposer une course presque sans temps mort. Cette édition a réussi son pari : un départ explosif en Italie, une étape de haute montagne dès le quatrième jour ou une étape des chemins blancs haletante. En bref, un cadre magnifique et des terrains de jeu variés, jusqu'à l'ultime contre-la-montre conclu autour de la Baie des Anges.

Même les étapes de sprint, propices aux heurts, ont été relativement épargnées grâce à un travail sur le terrain et une minimisation des risques pour les coureurs. Il y a eu quelques chutes, inévitables, mais hormis les abandons de Mads Pedersen et Primoz Roglic, aucune tête d'affiche n'a dû quitter le Tour après avoir goûté au bitume.

Une dernière victorieuse et émouvante pour Romain Bardet

Après Thibaut Pinot l'an passé, une autre figure du cyclisme français des années 2010 a dit adieu au Tour de France. Comme le Franc-Comtois, Romain Bardet a eu droit à son "virage" pour lui rendre un dernier hommage. Mais avant ça, il avait fait très fort en décrochant la première étape, bien aidé par son généreux coéquipier, Frank van den Broek. 

De quoi lui offrir le tant désiré maillot jaune, l'année où il avait enfin décidé de ne plus jouer ce classement général qui l'a obnubilé pendant si longtemps. Samedi, à l'issue de la dernière étape en ligne, l'Auvergnat n'a pas pu retenir ses larmes, après avoir vu Tadej Pogacar et Jonas Vingegaard le passer dans l'ascension du col de la Couillole.

"Treize ans de ma vie, et voilà c'est fini. C'est tellement dur. C'est l'histoire de ma carrière, se battre sans jamais être le meilleur mais ne jamais baisser les bras. J'ai la chance de me faire rattraper par les meilleurs de ce Tour, je crois que c'est à l'image du train qui passe et de mon histoire qui s'arrête", a-t-il conclu.

Une édition de premières

Rarement une édition avait réuni autant de nouveautés et de records. Au premier rang, le premier doublé Giro-Tour depuis Marco Pantani, et la 35e victoire d'étape, record absolu, de Mark Cavendish qui a relégué le grand Eddy Merckx derrière lui, resteront dans les mémoires. 

Six coureurs se sont imposés pour la première fois sur le Tour, et notamment deux Français, Kevin Vauquelin et Anthony Turgis.

Ça y est, le Tour de France 2024 s'est élancé au départ de Florence. Une première étape difficile jusqu'à Rimini sous la chaleur italienne. Malgré une belle course des favoris, c'est le Français Romain Bardet qui décroche le premier maillot jaune.
Tour de France : Romain Bardet brille sur la première étape Ça y est, le Tour de France 2024 s'est élancé au départ de Florence. Une première étape difficile jusqu'à Rimini sous la chaleur italienne. Malgré une belle course des favoris, c'est le Français Romain Bardet qui décroche le premier maillot jaune.

Enfin, et c'est le signe de l'internationalisation du cyclisme, deux maillots distinctifs ont été décrochés par des non-Européens. L'Erythréen Biniam Girmay, premier maillot vert africain de l'histoire, a été la révélation de cette édition.

Richard Carapaz continue lui de marquer l'histoire : après le Giro et la Vuelta, il a décroché une victoire d'étape et porté le maillot de leader sur le Tour, en plus de devenir le premier Equatorien vainqueur du classement de la montagne.

Le panache des Français

Il faut remonter à 2019 pour trouver trace de trois victoires d'étape françaises sur une édition. Après trois années à une seule victoire, les Tricolores ont été prolifiques avec Romain Bardet, Kevin Vauquelin et Anthony Turgis, sans oublier la deuxième place in extremis du malheureux Mattéo Vercher.

A l'attaque sur quasiment toutes les étapes, ils ont souvent animé les échappées, même lorsque l'espoir était vain. Et ce, sur tous les terrains : avec Guillaume Martin ou Romain Bardet en montagne, Bryan Coquard et Arnaud Démare sur les sprints, et même en chrono avec la superbe sixième place de Kevin Vauquelin en Bourgogne.

On a moins aimé :  

La domination sans partage d'UAE Team Emirates

Six étapes pour Tadej Pogacar, un train infernal qui a découragé tout le monde : UAE Team Emirates a été impitoyable sur cette édition. Battue les deux dernières années par Jonas Vingegaard et sa garde rapprochée, la formation émiratie a pris sa revanche sans faire de détail. 

Le suspense en a rapidement pâti, lorsqu'on a compris à la 14e étape que les autres ne pouvaient que constater la supériorité de Tadej Pogacar et de son casting cinq étoiles, qui ont pris le maillot jaune dès le quatrième jour sans plus jamais le lâcher. "Chaque coureur de l'équipe pourrait être leader dans 90% des équipes du Tour. Forcément quand on a Almeida, Ayuso, Yates, et même Politt qui grimpe incroyablement, on se dit que ce sont des coureurs exceptionnels", note Stéphane Heulot, manager de Lotto-Dstny.

Avec 12 étapes sur les Grands Tours cette saison (six sur le Giro, six sur le Tour) et déjà... 58 bouquets au total (Lidl-Trek, deuxième, en a 30), UAE Team Emirates évolue sur une autre planète.

Le peu de liberté laissée aux baroudeurs

Sur les 21 étapes de ce Tour, seulement cinq sont revenues aux baroudeurs. Les fugitifs n'ont quasiment jamais eu leur chance sur cette édition, pendus aux desiderata de la formation UAE, vorace à l'extrême, ou aux équipes de sprinteurs, qui ont eu huit étapes dédiées.

"Il y a eu vraiment peu d'occasions à part en début de Tour et deux fois dans le reste, donc c'est frustrant pour ces coureurs qui n'ont pas pu s'exprimer", déplore Stéphane Heulot, qui a malgré tout réussi à tirer son épingle du jeu avec Victor Campenaerts.

Anthony Turgis (TotalEnergies) s'est montré heureux d'avoir remporté la 9e étape du Tour de France 2024.
Étape 9 - Anthony Turgis : "C'est incroyable ! " Anthony Turgis (TotalEnergies) s'est montré heureux d'avoir remporté la 9e étape du Tour de France 2024.

Entre la victoire de Kevin Vauquelin (2e étape) et celle de Richard Carapaz (17e étape), seule l'étape des chemins blancs (9e étape) avait accouché d'un vainqueur en échappée.

Une alternance montagne/sprint trop marquée qui a poussé Thierry Gouvenou, architecte du parcours, a revoir sa copie l'an prochain. "Il y avait peut-être un peu moins d'étapes pour les baroudeurs. A l'avenir, on essayera de privilégier ce type d'étapes. Les étapes pour les sprinteurs nous ont un petit peu déçus et on ne va pas continuer à en mettre autant", a-t-il estimé auprès de Radio Sports.

Les deux meilleures équipes françaises impuissantes

Les équipes françaises ont brillé sur ce Tour, mais pas forcément celles qu'on attendait. Les deux meilleures au classement UCI au départ, Decathlon AG2R-La Mondiale (3e) et Groupama-FDJ (10e) n'ont jamais trouvé l'ouverture. 

La première n'est entrée qu'une fois dans le top 5 d'une étape (Sam Bennett, quatrième lors de la 16e étape), et conclut son Tour avec la 13e place de Felix Gall au général, même si elle espérait "un top 5" au départ.

La deuxième, qui avait annoncé jouer les étapes et non le général, a beaucoup tenté et avait bien débuté avec la troisième place de Quentin Pacher à Bologne. Mais elle n'a jamais semblé en mesure, ensuite, de décrocher un bouquet qui la fuit depuis 2019, la plus longue disette en activité pour une équipe française depuis la victoire de TotalEnergies à la 9e étape.

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