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Vrai ou faux Le chômage en France baisse-t-il moins vite qu'ailleurs en Europe, comme l'affirme Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT ?

Article rédigé par Linh-Lan Dao
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3 min
L'agence Pôle emploi de Lille Grand Sud, le 20 juin 2023. (FLORENT MOREAU / MAXPPP)
Si la France affiche un taux de chômage parmi les plus élevés de l'Union européenne, son taux baisse un peu plus rapidement que la moyenne de ses voisins européens depuis un an.

La secrétaire générale de la CGT ne partage pas l'enthousiasme de l'exécutif devant la baisse du chômage en France. "Le chômage baisse partout en Europe, et il baisse en France moins vite qu'ailleurs en Europe", a affirmé  Sophie Binet sur France Inter, mardi 29 août. Selon la patronne du deuxième plus gros syndicat français, "la France reste au-dessus de la moyenne européenne en termes de niveau de chômage."

De son côté, Emmanuel Macron dresse un constat totalement opposé : "Je vois qu'aucun pays n'a fait mieux que la France en matière de baisse du chômage (...) ces six dernières années", s'est félicité le chef de l'Etat dans un entretien accordé au Point, publié le 23 août. Alors, à quel point la secrétaire générale de la CGT et le président de la République disent-ils vrai ? 

Le chômage ne baisse pas partout dans l'UE

Selon l'agence statistique européenne Eurostat, le taux de chômage (au sens du Bureau international du travail) dans l'UE était de 5,9% en juin, contre 6,1% douze mois plus tôt, soit une baisse de 0,2 point. Toutefois, cette baisse masque une disparité parmi les Etats membres. Onze pays ont vu le chômage augmenter sur cette période, comme la Lituanie (+1,8 point), l'Autriche (+0,9 point) ou l'Estonie (+0,8 point). Il est donc trompeur d'affirmer que "le chômage baisse partout en Europe", comme le fait Sophie Binet.

En revanche, comme le souligne la dirigeante syndicale, le taux de chômage français se situe bien au-dessus de la moyenne européenne, à 7,1% au mois de juin. La France se classe seulement 22e sur les 27 pays de l'UE en matière de chômage, loin derrière Malte (2,6%), qui occupe la première place, mais largement devant la Grèce (11,1%) ou l'Espagne (11,7%).

La leader de la CGT avance également que le chômage en France baisserait "moins vite qu'ailleurs en Europe". Les chiffres lui donnent plutôt tort sur un an : entre juin 2022 et juin 2023, le taux de chômage français a baissé plus vite qu'ailleurs en Europe. Il est passé de 7,5% à 7,1%, soit une baisse de 0,4 point, contre 0,2 point pour l'ensemble de l'UE sur la même période.

La France suit la tendance européenne

Sur un temps plus long, la tendance n'est cependant pas aussi favorable pour la France, et donne donc plutôt raison à Sophie Binet : entre juin 2021 et juin 2023 par exemple, le taux de chômage européen a ainsi baissé plus rapidement (-1,2 point) que le taux de chômage français (-0,8 point). 

Le président de la République, de son côté, va plus loin dans le temps, en affirmant qu'aucun pays n'a fait mieux que la France en matière de baisse du chômage ces six dernières années. C'est en réalité un peu plus complexe.

Toujours selon les données d'Eurostat, annuelles cette fois-ci, le taux de chômage français était de 7,3% en 2022, contre 10,1% en 2016, soit une baisse de 2,8 points en six ans. En comparaison, le taux de chômage au sein de l'UE était de 6,2% en 2022 contre 9,3% en 2016, soit une baisse de 3,1 points. La France a donc fait légèrement moins bien que la moyenne de l'ensemble des Etats membres sur le front du chômage, entre 2016 et 2022.

Il existe en outre des pays dont le taux de chômage a baissé plus rapidement qu'en France sur cette même période : la Grèce (-11,4 points), l'Espagne (-6,7 points), la Croatie (-6,1 points), le Portugal (-5,5 points)... Reste que, dans certains de ces pays, le taux de chômage était particulièrement élevé. Notamment en Grèce (23,9% en 2016) et en Espagne (19,6% la même année).

Un objectif "plein emploi" fixé à 5% pour 2027

Au premier trimestre 2023, le taux de chômage en France avait atteint l'un de ses niveaux les plus bas depuis quarante ans avec 7,1% selon l'Insee, avant de se stabiliser à 7,2% au deuxième trimestre 2023. Une dynamique favorable notamment portée par la création de nouveaux postes, de nouvelles entreprises, et des embauches majoritairement en CDI.

Toutefois, cette tendance n'est pas une singularité française, puisqu'elle s'inscrit dans un contexte de reprise de l'activité économique post-Covid dans toute l'Europe. En France, l'exécutif estime que le "plein emploi" sera atteint à 5%. Il compte arriver à cet objectif en 2027, à la fin du second quinquennat d'Emmanuel Macron, grâce à la loi "pour le plein emploi", en cours d'adoption au Parlement.

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