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Vrai ou faux Rentrée scolaire : les enseignants seront-ils tous payés au moins 2 000 euros, comme l'affirme Emmanuel Macron ?

Article rédigé par Pauline Lecouvé
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Emmanuel Macron, le 21 juillet 2023, dans la cour de l'Elysée, à Paris. (XOSE BOUZAS / HANS LUCAS / AFP)
Cette affirmation ne concerne que les professeurs titulaires. Le salaire d'un enseignant stagiaire, la première année après le concours, reste inférieur à 2 000 euros. Quant aux contractuels, leur rémunération minimale reste fixée au smic.

"Aucun professeur ne débutera sa carrière avec moins de 2 000 euros net" : Emmanuel Macron l'avait promis en août 2022. Un an plus tard, le chef de l'Etat affirme, dans une interview accordée au magazine Le Point que "plus un enseignant ne sera payé moins de 2 000 euros à partir de cette rentrée". Alors, dit-il vrai ou faux ? Franceinfo a vérifié.

Le tableau de rémunération publiée par le ministère de l'Education nationale montre que le salaire du premier échelon n'atteint pas les 2 000 euros net par mois. Les professeurs qui viennent de réussir le concours, appelés dits "stagiaires", toucheront, à partir du 1er septembre 2023, un salaire net de 1 842 euros, pour un "temps plein devant des élèves".

Seuls les professeurs titulaires, c'est-à-dire ayant déjà enseigné pendant au moins un an, auront un salaire supérieur à 2 000 euros net à la rentrée. Cette situation est insatisfaisante, estime Sophie Vénétitay, professeure et secrétaire générale du Snes-FSU, syndicat majoritaire dans les collèges et lycées. "Les professeurs stagiaires sont des professeurs", rappelle-t-elle.

Grille de rémunération des enseignants en classe normale, à partir du 1er septembre 2023. (Capture d'écran du site du Ministère de l'Education)

De plus, Emmanuel Macron omet de parler du cas des professeurs contractuels. Selon le panorama statistique du personnel de l'enseignement scolaire pour l'année scolaire 2021-2022, cette situation concerne tout de même plus de 44 000 personnes. Leur rémunération minimale reste fixée au smic. Chaque rectorat est ensuite libre de pratiquer les salaires qu'il juge nécessaire pour attirer des candidats. "Il n'existe pas une grille fixe pour tous les contractuels, c'est très inégal d'une académie à une autre", explique Gilles Langlois, syndicaliste au SE-Unsa. En moyenne, en 2021-2022, un enseignant contractuel touchait 1 790 euros net par mois, selon le panorama statistique.

Une revalorisation insuffisante face à l'inflation

Au global, la rémunération des enseignants, pas seulement les débutants, augmentera de 5,5% à la rentrée 2023. Une augmentation en deçà de la promesse initiale de 10%, faite par Emmanuel Macron lors de sa campagne présidentielle. "Cette soi-disant revalorisation historique ne vient même pas compenser l'inflation", regrette Gilles Langlois. En effet, depuis que le point d'indice de la fonction publique n'est plus indexé sur l'inflation, les enseignants ont vu leur pouvoir d'achat diminuer. Au premier juillet 2023, le point d'indice était de 59 euros. S'il avait suivi l'inflation, celui-ci aurait été de 76 euros, selon les données compilées sur le site data.gouv.

Pour Sophie Vénétitay, cette revalorisation ne permet pas de résorber le manque d'enseignants. "Le milieu et la fin de carrière ne sont pas assez revalorisés pour rendre la carrière attractive", explique-t-elle. La syndicaliste s'oppose fermement aux missions supplémentaires rémunérées, que les professeurs pourront effectuer pour augmenter leur salaire"Ce n'est pas de la revalorisation. C'est la rémunération d'un travail supplémentaire. Ces missions arrivent alors qu'il y a déjà une charge de travail trop lourde" estime-t-elle.

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