"Il faut agir tout de suite" : des députés européens défendent l'idée de sanctions contre la Pologne
Le Premier ministre polonais a pris la parole mardi au Parlement à Strasbourg dénonçant le chantage de l'UE. Pour des députés européens, il faudra bien frapper au portefeuille si la primauté du droit européen n'est pas reconnue par le pays.
Mateusz Morawiecki a été clair devant les députés européens : pas de Polexit mais pas de "chantage" non plus. "Cela devient une méthode habituelle de certains États membres, ce n'est pas là la base de la démocratie", a déclaré le Premier ministre polonais, mardi 19 octobre, au Parlement à Strasbourg.
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Le chef du gouvernement polonais campe sur ses positions face à l'Union européenne qui menace de bloquer les subventions promises à son pays après l'arrêt rendu début octobre par le Tribunal constitutionnel polonais. Il remet en cause la primauté du droit européen sur le droit national, un des principes fondateur de l'UE.
"Le plus concret est de ne pas débloquer les fonds européens"
Mateusz Morawiecki a défendu une Europe des États "souverains" où la loi communautaire ne prime pas systématiquement sur la loi nationale. Reste la possibilité à la Commission européenne ou au Parlement, de mettre la pression comme le proposent de nombreux députés. "Il faut agir tout de suite, affirme Fabienne Keller, députée européenne centriste, membre du groupe Renew Europe et ancienne maire de Strasbourg. Ce qui apparaît le plus concret aujourd'hui, c'est de ne pas débloquer les fonds européens. Son discours ressemble à un discours de propagande."
"Le gouvernement autoritaire actuel n'entend que la force. Et la force aujourd'hui de l'Union européenne, c'est l'argent."
Fabienne Keller, députée européenneà franceinfo
Sandro Gozi, également membre du groupe Renew Europe, se dit lui aussi favorable à des "sanctions" à l'égard de Varsovie. "L’Europe à la carte, ce n'est pas notre Europe, explique-t-il. L'Europe n'est pas un distributeur de billets continental, un supermarché des valeurs dans lequel on passe dans les étagères en choisissant les valeurs qu'on veut respecter plus que d'autres." Pour Andreas Schwab, député européen allemand, membre du Parti populaire européen (PPE) : "Il faut éviter un langage trop dur. Il ne faut pas frapper. Il faut négocier et discuter mais sur la base de valeurs communes et au cas où, ne plus payer les fonds qui sont prévus."
Dialoguer est encore possible a dit Ursula Von Der Leyen face aux députés. Mais la présidente de la Commission européenne prévient qu'elle agira face à cette attaque sans précédent de l'un des principes fondateurs de l'UE. Elle s'y engage : "Nous ne pouvons pas et nous ne laisserons pas nos valeurs communes être mises en danger."
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