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"Ce sera la faute du gouvernement" : à la gare d'Austerlitz, les cheminots se préparent à faire grève pendant les fêtes

Au local CGT de la célèbre gare parisienne, les militants semblent d'accord pour passer Noël loin de leurs familles. A moins que le gouvernement n'en décide autrement.

Article rédigé par Raphaël Godet
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Pause déjeuner dans le local CGT de la gare d'Austerlitz (Paris), le 12 décembre 2019. (RAPHAEL GODET / FRANCEINFO)

A douze jours du réveillon de Noël, Servan Le Gall n'a toujours pas confirmé à sa famille s'il sera autour de la table, le 24 au soir. "Tout dépend de ce que décide le gouvernement, explique très simplement le cheminot de 27 ans. S'il retire sa réforme des retraites, je rentrerai en Bretagne. Mais s'il ne bouge pas, alors là..." 

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Dans le local CGT de la gare d'Austerlitz, les trente militants présents autour de la grande table pour la pause casse-croûte, jeudi 12 décembre, ne mouftent pas. Comme si la question des fêtes de fin d'année ne se posait même pas. "Vous savez, on a déjà perdu pas mal de salaire, se permet de rappeler Tony Montero, en grève lui aussi depuis le début du mouvement. Alors perdre un peu plus, ça ne changera rien." Entre deux bouchées de sandwich, il assure d'ailleurs qu'il y a tout ce qu'il faut pour voir venir. "Moralement, ça tient. Et financièrement, on se serre les coudes", promet celui qui est normalement préposé à la vente de billets dans la célèbre gare parisienne.

Entre profiter d'un réveillon ou combattre une réforme qui veut du mal à tout le monde, mon choix est vite fait.

Servan Le Gall, cheminot

à franceinfo

Ce n'est pas mentir que de dire que la prime de fin d'année va faire du bien à tout le monde. La fameuse PFA, qui représente environ 80% d'un salaire mensuel, tombera le 17 décembre sur les comptes bancaires. Les grévistes d'Austerlitz peuvent aussi compter sur leur caisse de solidarité, qui se remplit au fur et à mesure des manifestations. C'est encore cagnotte sur l'épaule que Grégory, son responsable, a marché entre Nation et République, jeudi. L'argent récolté (dont le montant est secret) sert à "soutenir les collègues en difficulté financière, parce qu'ils ont des enfants, parce que ce sont des bas salaires, intervient Romain Pitelet, secrétaire de la CGT-Cheminots Paris-Rive Gauche. Certains n'ont pas la possibilité de faire grève tous les jours. Alors ils reprennent le travail, histoire de remplir un peu le portefeuille, avant de repartir avec nous."  

Les cheminots Servan Le Gall et Romain Pitelet font une pause dans le local CGT de la gare d'Austerlitz (Paris), le 12 décembre 2019. (RAPHAEL GODET / FRANCEINFO)

Dans le petit préfabriqué, où le syndicat entrepose ses affaires, certains sentent malgré tout "cette petite musique qui monte comme à chaque fois". Celle de cheminots qui s'apprêteraient à "gâcher" les vacances de fin d'année des Français "pour leur petit nombril." "Les collègues du commercial me racontent que des usagers viennent déjà demander le remboursement de leurs billets, reconnaît Tony Montero, qui passe une tête tous les jours dans son service, même pendant la grève. Oui, ça fait quelque chose. Il faut se mettre à la place des gens. Mais il faut comprendre que c'est pour eux aussi qu'on le fait, qu'on se bat."

"Les cheminots sont des adultes conscients"

Les yeux rivés sur un petit calendrier en carton, Romain Pitelet fait la moue au moment de répondre. "On n'est pas dans un cocon, déconnectés du mondeLes cheminots sont des adultes conscients, qui comprennent très bien les enjeux qui sont posés. Certains ont des proches qui doivent aussi se déplacer en train ces prochains jours, peste-t-il. Moi-même, j'ai prévu d'aller dans le Tarn pour voir la famille." Pour autant, pas question d'être tenu responsable "si ça se passe mal". "Ce sera la faute du gouvernement, se défend Romain Pitelet, vingt ans de SNCF derrière lui. La balle est dans son camp pour remettre à plat les choses."

Si le gouvernement met sur la table la question des vacances, c'est du chantage. Et ce n'est pas acceptable.

Romain Pitelet

à franceinfo

Après plus d'une semaine de grève, les militants sont "convaincus" que "le mouvement continue de prendre". C'est d'ailleurs pour cela que Servan Le Gall souhaite amplifier le travail de terrain qui a déjà été entamé. Une sorte de porte-à-porte pour "informer les travailleurs du pays". "Que ce soit le salarié du Monoprix, que ce soit le vendeur de chez Zara, détaille le cheminot, qui fait des moulinets avec les bras. II faut aller voir les gens, parler, discuter avec eux. Tout le temps. Ça prend du temps mais c'est nécessaire. Les gens sont avec nous, qu'ils le restent." Quant au 31 décembre, Servan Le Gall et les autres n'ont "encore rien de prévu".

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