Mises en pause sur les normes, vaccination gratuite, attaques de loup… Les annonces du gouvernement pour tenter de rassurer le monde agricole

Avec la ministre de l'Agriculture Annie Genevard, Michel Barnier s'est rendu au Sommet de l'élevage, dans le Puy-de-Dôme, pour soutenir des professionnels confrontés à des difficultés financières et épidémiques.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le Premier ministre Michel Barnier avec le ministre de l'Economie Antoine Armand et la ministre de l'Agriculture Annie Genevard, au salon de l'élevage à Cournon-d'Auvergne (Puy-de-Dôme), le 4 octobre 2024. (JEFF PACHOUD / AFP)

L'exécutif au chevet des agriculteurs. Michel Barnier et la ministre de l'Agriculture Annie Genevard sont à Cournon-d'Auvergne (Puy-de-Dôme) pour le Salon de l'élevage, vendredi 4 octobre. Mercredi, déjà, le Premier ministre avait reçu à Matignon le patron de la puissante Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), Arnaud Rousseau.

Face à des agriculteurs en plein doute, le gouvernement a annoncé une série de mesures. Franceinfo récapitule les coups de pouce envisagés.

La vaccination gratuite pour les cheptels touchés par la fièvre ovine

La ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, n'a pas attendu le Premier ministre pour se rendre au Salon de l'élevage. Dès jeudi, face aux éleveurs touchés par l'épidémie de fièvre catarrhale ovine 3 (FCO 3), l'ancienne députée du Doubs a affirmé que "la vaccination gratuite et prise en charge par l'État sera désormais ouverte à toute la France pour la filière ovine" concernée par cette maladie. Dans sa déclaration de politique générale, mardi, Michel Barnier avait déjà promis de "soutenir" les agriculteurs "lorsqu'ils sont frappés par des crises, qu'elles soient climatiques ou sanitaires, comme c'est le cas en ce moment avec la fièvre catarrhale ovine".

Le Premier ministre, ancien ministre de l'Agriculture sous la présidence de Nicolas Sarkozy de 2007 à 2009, a annoncé depuis le salon "une enveloppe de 75 millions d'euros" pour les éleveurs de brebis victimes de l'épizootie, et a promis "des prêts garantis par l'Etat pour les exploitations qui en ont besoin". Selon un bilan du ministère de l'Agriculture, au 3 octobre, 4 644 foyers de cette fièvre ovine transmise par un moucheron ont été recensés depuis sa première détection début août dans le nord de la France.

Les mises en place de cette vaccination gratuite et de ce fonds d'urgence constituent "déjà une reconnaissance de notre métier", "une lueur d'espoir", a réagi vendredi matin sur franceinfo Michèle Boudoin, la présidente de la Fédération nationale ovine. "Nous attendions ce signal fort", a-t-elle ajouté. Toutefois, Patrick Bénézit, président de la Fédération nationale bovine, a assuré sur RTL vendredi que la filière attendait que les vaccins soient remboursés "pour l’ensemble des maladies vectorielles" et qu'il était nécessaire pour les agriculteurs touchés "d’être indemnisés" pour leurs pertes. Pour les seuls ovins morts, les syndicats agricoles ont calculé que les indemnisations pourraient représenter plus de 100 millions d'euros.

Une mise en pause des normes

Michel Barnier a entendu l'appel des agriculteurs à simplifier les normes qui régissent la production. "Ces agriculteurs qui sont touchés par des crises sanitaires, des mauvaises récoltes, méritent d'être encouragés. Ils en ont ras-le-bol. Ras-le-bol des contraintes, des règles et des contrôles. Donc, on va faire une pause sur les normes", a-t-il promis jeudi dans l'émission "L'Evénement", sur France 2.

Une annonce également saluée par Michèle Boudouin : "Il est temps de faire une pause un peu sur tout ce qui pèse sur les épaules des agriculteurs". "Je ne pense pas qu'une autre catégorie socioprofessionnelle a autant de pression réglementaire", ou subit autant "les aléas climatiques" ou les "crises sanitaires", a estimé la présidente de la Fédération nationale ovine.

La reprise du projet de loi d'orientation pour la souveraineté agricole

La dissolution décidée par Emmanuel Macron avait mis en pause le projet de loi d'orientation sur l'agriculture, présenté après les manifestations du secteur début 2024. Michel Barnier a annoncé mardi lors de sa déclaration de politique générale que son gouvernement le "reprendrait sans délai".

Annie Genevard a annoncé jeudi sur France Bleu Auvergne que le texte, adopté en mai par l'Assemblée nationale avant la dissolution, serait directement envoyé au Sénat. "Ce texte de loi contient des mesures qu'attendent les agriculteurs, ils me l'ont dit", a fait valoir la ministre. Ce projet de loi place l'agriculture au rang d'intérêt général majeur, met en place un guichet unique pour l'installation de nouveaux agriculteurs, facilite la construction de bâtiments d'élevage ou de réserves d'eau.

Un soutien pour les producteurs laitiers face à Lactalis

Le géant Lactalis a confirmé fin septembre son intention de réduire à partir de la fin de l'année les volumes de lait collecté dans les fermes françaises à destination des marchés internationaux. Une annonce qui a fait l'effet d'une bombe chez les producteurs. Au salon de l'élevage, Annie Genevard a été interpellée sur le sujet. Guillaume Faucogney, venu de Haute-Saône, lui a ainsi expliqué que cette décision lui ferait perdre la moitié de sa production d'ici à douze mois : "On demande un allongement des délais, pour voir comment on fait dans nos fermes, parce qu'en douze mois, c'est compliqué", a-t-il assuré à l'AFP.

"On doit vraiment organiser la riposte, ça montre aussi que la très grande dépendance à un groupe comme celui-là est un facteur de fragilité pour vos exploitations, il faut réfléchir à une stratégie qui vous met à l'abri de cette forme de mépris qui vous a été opposée", a répondu la ministre. Elle a également affirmé qu'elle allait rencontrer les acteurs de la filière laitière, à commencer par le président du géant laitier, "pour leur dire qu'aucun éleveur ne peut être laissé sur le bord du chemin", rapporte France Bleu Auvergne.

Une possible hausse du nombre de loups à abattre

Le loup continue de décimer des troupeaux. Face à ces nouvelles attaques, le président de la Chambre d'agriculture de Haute-Saône, Thierry Chalmin a enjoint aux éleveurs de son département, dans un courrier publié mercredi par le quotidien régional L'Est républicain, de s'armer et de "taper" illégalement des loups pour répondre à la "carence de l'Etat et de la République".

Depuis Cournon-d'Auvergne, le Premier ministre Michel Barnier a exprimé son inquiétude quant "aux dégâts que fait le loup sur beaucoup d'exploitations, en cassant le moral des éleveurs". Il a estimé que la "nouvelle évaluation du nombre de loups" attendue "mi-décembre" constituerait "un moment clé pour augmenter la capacité de prélèvement", c'est-à-dire le nombre d'abattages de l'anima

Michel Barnier a également salué le fait qu'il existait "un mouvement sur cette question vers moins d'idéologie et plus de pragmatisme au niveau européen", citant l'approbation récente de Bruxelles pour abaisser le statut de protection du loup.

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