Point sur la situation, risque de pénurie... On vous explique les conséquences du blocage des raffineries par les agriculteurs
Des raffineries et des dépôts de carburant sont bloqués par des agriculteurs. Ils protestent contre les importations d'huile de palme utilisée comme agrocarburant.
Les agriculteurs bloquent, depuis dimanche 10 juin au soir, des dépôts de carburant et des raffineries pour protester contre l'importation d'huile de palme sur le marché des agrocarburants. Franceinfo répond à vos questions sur le sujet.
Pourquoi les raffineries sont-elles bloquées ?
C'est la question de l'huile de palme qui met le feu entre le gouvernement et les agriculteurs. La FNSEA proteste contre l'autorisation donnée par le gouvernement au groupe pétrolier Total d'importer 300 000 tonnes d'huile de palme pour sa raffinerie de La Mède (Bouches-du-Rhône). Les agriculteurs dénoncent la concurrence déloyale de cette huile de palme importée, qui ne serait pas soumise aux mêmes exigences environnementales que celles que leur impose la loi française.
Une tonne d'huile de palme venue de l'étranger est en effet 15% moins chère qu'une tonne d'huile de colza produite en France, qui pourrait la remplacer dans la production d'agro-carburant, selon Arnaud Rousseau, président de la fédération des producteurs d'oléagineux et de protéagineux. L'huile de palme est même l'huile la moins chère du marché, rapporte Libération.
Quelles sont les raffineries bloquées ?
Les agriculteurs bloquaient, lundi matin, 16 raffineries et dépôts de carburant. C'est deux de plus que ce qu'avait annoncé la FNSEA dimanche. Les agriculteurs du Bas-Rhin ont décidé d'occuper le dépôt de carburant de Reichstett et ceux du Nord ont approché le dépôt de Saint-Pol-sur-Mer pour essayer de le bloquer. Dans l'Essonne, des agriculteurs ont également déversé du fumier devant une station Total à Ris-Orangis, lors d'une action coup de poing.
À Ris-Orangis, un tas de fumier accueille les automobilistes venus faire le plein de carburant. #AFP pic.twitter.com/WimRQDFNxB
— Myriam Adam (@AdamMimi) 11 juin 2018
Dans le détail, le site de La Mède dans les Bouches-du-Rhône, actuellement en travaux, a été paralysé avant d'être débloqué à la mi-journée. Quatre raffineries à Grandpuits (Seine-et-Marne), Gonfreville-l'Orcher (Seine-Maritime), Feyzin (Rhône) et Donges (Loire-Atlantique) ont également été touchées. Les agriculteurs maintiennent également fermées les portes des dépôts de carburant de Grigny (Essonne), Coignières (Yvelines), Dunkerque (Nord), Gennevilliers (Hauts-de-Seine), Vatry (Marne), Strasbourg (Bas-Rhin), Cournon (Puy-de-Dôme), Lyon (Rhône) et Toulouse (Haute-Garonne).
Comment réagit le gouvernement ?
Il reste ferme, pour le moment. Le gouvernement "ne reviendra pas" sur l'autorisation donnée à Total d'importer de l'huile de palme, a déclaré le ministre de l'Agriculture Stéphane Travert sur RTL. "Ces blocages sont illégaux", a-t-il également précisé, estimant que "ce n'est pas en bloquant ces raffineries qu'on trouvera des solutions adéquates".
Combien de temps cela va-t-il durer ?
Difficile pour le moment de le savoir, mais les agriculteurs ont annoncé trois jours de blocage reconductibles. Pour tenter de désamorcer la situation, le ministre de l'Agriculture s'est engagé à recevoir mardi les représentants de la FNSEA et ceux des Jeunes Agriculteurs (JA).
Peut-il y avoir rapidement une pénurie à la pompe ?
"Pour le moment, non", indique une source au ministère des Transports au Parisien. Mais si le mouvement devait durer, la France dispose de stocks stratégiques de pétrole. Ainsi, l'Agence internationale de l'énergie fixe une réserve minimum qui équivaut à 90 jours d'importation nette ou à 61 jours de consommation moyenne. Mais la France est un écureuil en la matière et prévoit des stocks plus importants que ceux requis par l'AIE.
Total a déjà recommandé à ses clients de "conserver leurs habitudes de consommation de carburant", se voulant rassurant sur l'approvisionnement de ses stations-service. Un porte-parole de Total a confirmé que seules "les expéditions par route sont bloquées, les expéditions par barge et par pipeline, elles, continuent de fonctionner normalement".
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