Porte-avions Foch : "c'est une pollution à terme" mais "il n'y a pas à redouter une catastrophe écologique majeure", selon le site Mer et Marine
Couler le porte-avions Foch, "c'est une pollution à terme" mais "il n'y a pas à redouter une catastrophe écologique majeure", explique ce vendredi sur franceinfo Vincent Groizeleau, rédacteur en chef de Mer et Marine.
La marine brésilienne a annoncé son intention de couler le porte-avions Foch, qu'elle avait racheté à la France en 2000, dans les eaux de l'océan Atlantique. Une pratique courante au XXe siècle "et puis un certain nombre de conventions ont été signées" pour y remédier, "parce qu'évidemment, c'est de la pollution", précise Vincent Groizeleau.
france info : Est-ce qu'un pays a le droit aujourd'hui de couler un bateau ?
Vincent Groizeleau : C'est une pratique qui était extrêmement courante pour les bateaux de guerre, notamment jusque dans les années 80-90. Et puis ensuite un certain nombre de conventions ont été signées et des pays se sont engagés à ne plus faire. Parce qu'évidemment, c'est de la pollution. C'est considéré comme un déchet. C'est régi par la convention de Bâle sur l'exportation des déchets dangereux. Et donc seulement dans un cas exceptionnel et après dépollution de la coque, on peut éventuellement couler un bateau, autrement ça ne se fait pas. Après, tout ça, c'est du droit international. Donc, globalement, c'est plus une question de prestige, d'engagement, de parole. On s'engage à faire quelque chose et donc on le respecte. Mais ça ne va pas se terminer au tribunal avec un Etat qui va se faire attaquer pour avoir coulé un bateau. Ce qu'il faut comprendre, c'est qu'on est sur des dossiers qui sont assez politiques parce qu'on a des épaves qui sont très symboliques. Ce sont des porte-avions ! Il y a des centaines de navires qui se font déconstruire tous les ans et qui sont bien plus pollués et bien plus gros. Sauf que ce sont des porte-conteneurs, des minéraliers, bref des bateaux que personne ne connaît et dont tout le monde se moque.
Le Brésil dit vouloir le couler par grand fond, 5 000 mètres, est-ce que ça protège davantage la biodiversité ?
Oui, parce que c'est une zone d'abord située à la limite de leur zone économique exclusive, c'est-à-dire des eaux sous la responsabilité juridique du pays sous leur juridiction. Donc ils en gardent quand même la maîtrise, ils sont à moins de 200 nautiques. Ensuite, 5 000 mètres de fond, plus on va au fond, plus il y a de pression, plus c'est froid, moins il y a de vie. Mais il y en a quand même. Donc les dégâts, les dommages potentiels, la contamination, seront moindres que si c'était dans des petits fonds. Typiquement, l'amiante va rester telle quelle, elle va être compressée, mais quand même, c'est une épave qui va se dégrader. Certes moins vite que si elle était plus haute et dans une eau plus chaude, mais elle va finir par se dégrader quand même au fil des décennies et donc libérer des particules polluantes dans l'eau. Donc, c'est une pollution à terme.
Pas très loin, il y a la Guyane, à ce titre-là, ces particules qui se détachent du bateau, c'est aussi un risque pour les côtes françaises ?
Alors je dirais oui et non, parce que là, on est plutôt quand même sur des résidus. Il y a un moment où il faut se calmer. Il y a des milliers de bateaux qui ont été coulés pendant des décennies sans qu'ils ne soient dépollués avant. Donc ce n'est pas une épave comme ça qui a quand même été partiellement dépollué et qui n'a plus de carburant à bord. Il y a quelques résidus, mais les soutes ont été vidées. Voilà, ce n'est pas ça qui va changer l'état de l'océan. On n'est plus là dans des choses symboliques et donc il n'y a pas à redouter une catastrophe écologique majeure.
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