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Inflation : des "baisses concrètes" de prix dans les rayons sont-elles possibles "d'ici fin juin" comme le souhaite Élisabeth Borne

La Première ministre a demandé jeudi sur France 2 aux industriels et à la grande distribution de "rouvrir des négociations", pour répercuter les baisses de prix sur les matières premières, avec des effets d'ici la fin de l'échéance des 100 jours.
Article rédigé par Lauriane Delanoë
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Le tapis roulant d'une caisse de supermarché, en Bretagne (image d'illustration). (MARTIN BERTRAND / HANS LUCAS)

Les prix vont-ils bientôt baisser, dans les rayons alimentaires ? La Première ministre Élisabeth Borne veut "des baisses concrètes", "d'ici fin juin", puisque les matières premières coûtent maintenant moins cher. Invitée de France 2 jeudi 27 avril, la cheffe du gouvernement demande donc aux industriels et à la grande distribution de "rouvrir des négociations", pour répercuter ces baisses.

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Cet objectif d'Élisabeth Borne est optimiste. Les cours des matières premières sont effectivement en train de baisser : le blé tendre est en ce moment à son niveau d'avant la guerre en Ukraine, comme le maïs, le colza, et l'orge fourragère. Le tournesol se vend aujourd'hui bien en-dessous de son cours d'il y a un an.

Des baisses de prix plutôt attendues fin juillet 

On pourrait donc s'attendre à voir les prix baisser pour tous les produits alimentaires qui utilisent ces cultures. Mais l'inflation reste élevée sur ces produits. Sur l'alimentation, elle frôlait 16 % le mois dernier. Les hausses de prix se constatent également en mars sur le pain, les céréales ou la viande. Les estimations de l'Insee pour le mois d'avril sont attendues vendredi.

Il y a en réalité un effet d'inertie. Les prix en magasin viennent des négociations commerciales annuelles. Ces discussions entre la grande distribution et les industriels se sont achevées le 1er mars dernier, avec une hausse de près de 10 % qui devait en partie compenser l'envolée des prix de l'énergie l'an dernier. Cette inflation énergétique est maintenant ralentie.

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La loi prévoit des "clauses de revoyure" : de nouvelles négociations en cas de forte hausse ou de forte baisse, ce qui est donc possible si les acteurs répondent positivement à la demande de la Première ministre. Mais cela prendrait du temps : il faut près de trois mois. Si les discussions reprenaient demain, on arriverait plutôt à fin juillet, alors qu'Élisabeth Borne prévoit des baisses d'ici "fin juin". Emmanuel Macron a lui-même prévenu, dans un entretien au journal Le Parisien/Aujourd'hui en France, en début de semaine que ça allait être "dur jusqu'à la fin de l'été", pour les prix de l'alimentation. 

Pas la première demande du gouvernement

Le gouvernement peut-il agir, pour obtenir ces baisses de prix ? Il peut faire pression et c'est ce qu'il fait, avec la demande de la Première ministre jeudi matin qui est en réalité une nouvelle demande. Au début du mois déjà, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire et la ministre déléguée au Commerce Olivia Grégoire ont écrit aux industriels pour demander de nouvelles négociations.

Jusqu'à présent, les acteurs répondent que les clauses de renégociation sont assez restrictives. Il faut des baisses de prix "avérées et objectivées pour les entreprises"  et les contrats sont prévus pour une certaine durée. Ce serait donc, par exemple, au deuxième semestre qu'on pourrait baisser les prix

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Certaines de ces entreprises soulignent que d'autres lignes de leur buget augmentent : pour les salaires par exemple, avec les revalorisations du Smic et celles d'autres produits, comme les œufs. D'autres avancent aussi que les hausses des prix en rayons l'année dernière n'ont pas couvert toute l'augmentation de leurs coûts de production, par exemple avec l'énergie. Ces petites et moyennes entreprises doivent donc reconstituer leur trésorerie.

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