Réforme des retraites : en marge du front syndical, La France insoumise dessine son propre calendrier de mobilisation
Pour La France insoumise, une journée de mobilisation peut en cacher une autre. En plus de défiler derrière les syndicats aux côtés des autres organisations de gauche, jeudi 19 janvier, le mouvement mélenchoniste promeut une seconde manifestation, samedi 21 janvier, à Paris. Avec l'espoir non dissimulé de prolonger la contestation contre la réforme des retraites, les troupes "insoumises" tentent de s'aménager, non sans mal, un calendrier singulier au sein de l'opposition au projet de loi du gouvernement.
Deux jours après avoir battu le pavé de l'Est parisien une première fois, cadres et militants LFI se retrouveront donc aux côtés d'une dizaine d'organisations de jeunesse (Fidl, Alternative étudiante, La Voix Lycéenne...) qui avaient annoncé cette journée de mobilisation dès le 10 décembre dernier, et à laquelle le parti de gauche s'est immédiatement joint. "Les organisations de jeunesse vont manifester et notre rôle, c'est d'être à leurs côtés", explique à franceinfo Rodrigo Arenas, député LFI de Paris.
A la recherche d'un "subtil équilibre"
Cette fois-ci, point d'appel intersyndical à manifester. "C'est aux organisations syndicales de donner le 'la' et le coup d'envoi de la mobilisation", avait averti Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, dans Le Parisien (article réservé aux abonnés), alors que les relations entre LFI et les syndicats sont rarement au beau fixe.
Les autres partis de la Nupes, sceptiques sur l'opération, ont également refusé d'appeler à participer à cette opération. "Ne contrarions pas le calendrier des organisations syndicales. (…) Jouons collectif, ne cherchons pas toujours à nous mettre en avant. Cette marche arrive comme un cheval dans la soupe, avec ses gros sabots", a ainsi fustigé Fabien Roussel, patron des communistes, dans le Journal du dimanche (article réservé aux abonnés).
Mais pour La France insoumise, les partitions de l'opposition sont complémentaires. "Il y a une articulation qui doit être comprise entre le monde syndical et le monde politique : l'un nourrit l'autre. Le syndicat doit accepter que le politique fasse des propositions et ne s'efface pas", juge auprès de franceinfo Alexis Corbière, député de Seine-Saint-Denis. "C'est un équilibre subtil."
Seul mouvement politique à manifester samedi, jour habituel de mobilisation depuis 2018 et la vague des "gilets jaunes", La France insoumise se défend en tout cas de vouloir opérer une récupération politique de la contestation auprès des jeunes. "Nous serons aux côtés des enfants pour qu'ils puissent s'exprimer sans se faire tabasser", soutient Rodrigo Arenas.
"Pas de sens de comparer les deux journées"
Et 48 heures après une mobilisation qui s'annonce très suivie, les membres du mouvement affirment ne pas craindre un écart important de mobilisation entre jeudi et samedi, sans les syndicats. "Il n'y a pas de Ligue 1 et de Ligue 2, mais tout le monde joue ensemble", illustre Rodrigo Arenas. "Cela n'a pas de sens de comparer les deux journées, c'est regrettable", estime aussi Alexis Corbière. Comme s'il voulait déminer par avance des chiffres qui pourraient être décevants pour la force motrice de la gauche parlementaire, secouée depuis plusieurs semaines par les divisions internes.
"Dans toutes les mobilisations de ce type, il y a toujours eu des affluents au fleuve de la contestation. Samedi, c'est un affluent à jeudi", ajoute Eric Coquerel, député La France insoumise de Seine-Saint-Denis. Pour LFI, il s'agit d'abord d'occuper le terrain au début d'un mouvement social qu'ils veulent voir durer plusieurs semaines, au moins.
Un objectif est revendiqué, celui d'"entretenir la flamme" de cette contestation sociale cet hiver. "On prend les étincelles d'où qu'elles viennent, du moment qu'elles sont issues d'un mouvement démocratique", assure Rodrigo Arenas.
"La prochaine grande date de mobilisation, ce sera celle qui sera décidée après la manifestation de jeudi. Le feu principal, ce sont les organisations syndicales qui l'organisent."
Eric Coquerel, député LFI de Seine-Saint-Denisà franceinfo
Qu'importe, donc, aux yeux des "insoumis", s'il y a beaucoup moins de monde pour souffler sur les braises lors de la seconde journée de mobilisation.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.