Suspension de l'écotaxe : l'énième coup de gueule des écolos
Des députés EELV déplorent "un manque de courage" de la part du gouvernement et reposent la question de la présence des Verts au sein de l'équipe Ayrault.
Si Jean-Marc Ayrault espérait se donner une petite bouffée d'air frais en annonçant la suspension de l'écotaxe, mardi 29 octobre, c'est raté. En prenant la décision de reporter sine die l'application de cette taxe poids lourds, le Premier ministre s'est aussitôt attiré, une fois de plus, les foudres de ses partenaires écologistes.
Une décision "minable" et "incompréhensible"
Qualifié de "minable" et d'"invraisemblable" par l'eurodéputé José Bové, le recul du gouvernement "est plus qu'un coup dur pour l'écologie" aux yeux du député Noël Mamère : "C'est le coup qui tue." Et celui qui a quitté fin septembre Europe Ecologie-Les Verts (EELV) de se demander, une nouvelle fois, "ce que les écologistes ont à faire plus longtemps dans ce gouvernement". Avant même l'annonce de la pause dans l'application de l'écotaxe, le patron des sénateurs EELV, Jean-Vincent Placé, avait averti le gouvernement qu'il ne devrait pas s'étonner, s'il cédait aux manifestants bretons, "qu'il n'ait plus d'autorité sur rien".
Vice-présidente EELV de la commission des Finances à l'Assemblée nationale, Eva Sas déplore, elle aussi, une décision "incompréhensible", appelant ses amis à "discuter collectivement" de l'intérêt pour les écologistes de rester au gouvernement. "Cette suspension de l'écotaxe démontre le manque de vision écologique, de courage et de volonté de ce gouvernement", regrette la députée francilienne.
Un avis partagé par son collègue des Bouches-du-Rhône, François-Michel Lambert : "On recule pour gaver certains lobbys. Comment l'expliquer autrement que par un manque de courage du gouvernement ? Depuis dix-huit mois, il suffit de beugler un peu pour obtenir ce qu'on veut." "L'écotaxe reposait pourtant sur un principe vertueux : faire payer les poids lourds qui polluent, pour aider à financer des infrastructures plus écologiques", regrette le député Lambert.
Le groupe EELV "attend des réponses" d'Ayrault
Signe de l'agacement au sein du groupe écologiste à l'Assemblée, ses deux coprésidents, François de Rugy et Barbara Pompili, ont passé de longues minutes à discuter, mardi après-midi, après la séance de questions au gouvernement. Le temps de caler les éléments de langage, et de peser chaque mot, avant de venir répondre aux questions des journalistes...
"Nous comprenons qu'il puisse y avoir une mesure d'apaisement social, mais le problème reste entier, martèle, avec diplomatie et fermeté, François de Rugy. Nous n'imaginons pas que l'écotaxe ne soit pas mise en œuvre." A ses côtés, Barbara Pompili fait la moue. Affirmant avoir demandé à Jean-Marc Ayrault des précisions "sur la méthode et sur le calendrier", la coprésidente des députés écologistes prévient : "Nous avons posé des questions, mais nous n'avons pas encore les réponses. Nous les attendons."
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