Etude, effets sur la santé, port du masque… Trois questions sur la pollution aux particules fines dans certaines stations de métro
Une pollution même dans les transports en commun ? Airparif, l'observatoire de l'air en Île-de-France, a analysé la qualité de l'air de 426 gares et stations souterraines du métro parisien. Cette étude a relevé notamment un niveau de pollution "élevé" de particules fines sur 13 quais de gares et stations. Cette forte concentration de l'air en particules fines peut inquiéter les usagers notamment sur des difficultés ou maladies respiratoires qu'elle peut engendrer, notamment chez les personnes fragiles. Franceinfo répond à trois questions sur cette pollution record dans certaines stations de métro.
1 Que dit l'étude d'Airparif ?
Les 13 stations les plus polluées se situent uniquement sur les lignes 2, 5 et 9 du métro. Il s'agit de Belleville, Iéna, Jaurès, Laumière, Michel-Ange-Auteuil, Michel-Ange-Molitor, Oberkampf, Ourcq, Père-Lachaise, Pigalle, Saint-Philippe-du-Roule et Trocadéro.
Elles affichent des niveaux de concentration en particules PM10 (diamètre inférieur à 10µm) supérieurs à 480 microgrammes par mètre cube (μg/m3). Ce seuil correspond au maximum recommandé par l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) à partir d'une heure d'exposition car il s'agit du temps quotidien moyen passé dans les transports par les Franciliens. Selon Airparif, 276 quais de gares et stations ont également des niveaux moyens de pollution aux particules (entre 140 μg/m3 et 480 μg/m3 sur une heure) et moins d'un tiers des stations mesurées (123) ont des niveaux faibles de pollution (moins de 140 μg/m3).
"Et cette étude ne concerne que les PM10", qui sont moins dangereuses pour la santé que les PM2,5, les particules inférieures à 2,5 micromètres, regrette Jean-Baptiste Renard, directeur de recherche au CNRS à Orléans et conseiller scientifique de l'association Respire. Une association qui a, elle aussi, réalisé des relevés de pollution dans des stations de métro et qui avait porté plainte contre la RATP. Le chercheur se réjouit tout de même de voir "ce sujet pris au sérieux et étudié".
2 Quels sont les risques d'une telle pollution ?
En 2022, l'Anses s'était intéressée aux effets sur la santé de l’exposition aux particules présentes dans l’air des enceintes ferroviaires souterraines. L'agence souligne dans son rapport d'expertise que le "corpus d'études reste trop limité pour pouvoir tirer des conclusions sur des effets sanitaires" mais "les données épidémiologiques et toxicologiques suggèrent la possibilité d’effets cardiorespiratoires".
L'Anses recommande de poursuivre les actions pour réduire la pollution aux particules dans les enceintes ferroviaires. "Il faut régler le problème de cette pollution à la source", explique Matteo Redaeli, coordinateur d'expertise scientifique à l'Anses. L'agence préconise notamment de renouveler le matériel roulant, d'utiliser des systèmes de freinage moins émissifs et d'améliorer la ventilation dans les stations.
Lors d'une audition devant l'Assemblée nationale mercredi, le PDG de la RATP Jean Castex a rappelé qu'aucune étude n'a jamais été en mesure de prouver la nocivité de l'air du métro. "Les études de mortalité (des agents de la RATP) engagées depuis plusieurs années par les autorités sanitaires n'ont jamais démontré de prévalence d'affections broncho-pulmonaires ou de maladies liées à ces particules", a-t-il souligné.
3 Faut-il porter un masque dans le métro ?
Pour Jean-Baptiste Renard, conseiller scientifique de l'association Respire, "si vous êtes très sensibles aux virus respiratoires, que vous avez des problèmes de santé, il est recommandé de porter un masque FFP2". En plus de porter les fameux masques bec de canard, le chercheur estime qu'il ne faut pas courir sur le quai d'un métro, "parce que quand vous faites un effort physique, vous pouvez respirer jusqu'à dix fois plus rapidement que lorsque vous êtes au repos".
Le port du masque "sera toujours utile, par exemple pour prévenir le risque de contamination avec des agents pathogènes infectieux, mais pour les particules, il n'y a pas pour l'instant de recommandation en ce sens", souligne Matteo Redaeli. Le coordinateur d'expertise scientifique à l'Anses ajoute que "pour les usagers, les expositions aux particules dans le métro sont très ponctuelles, donc finalement l'organisme est assez bien fait et peut compenser certaines agressions ponctuelles".
Plus globalement, dans son expertise de 2022, l'Anses rappelait que "la réduction de la pollution de l'air en milieu urbain, reste une priorité de santé publique et que le report du transport routier motorisé vers d'autres modes de transport moins polluants, dont le transport ferroviaire, reste évidemment à encourager".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.