Pénurie de carburant : où en sont les premières négociations chez TotalEnergies ?
Près de 55% de stations à sec sur au moins un carburant dans les Hauts-de-France, près de 45% en Île-de-France, près de 30% en moyenne dans le pays… Les files d’attente deviennent interminables et les automobilistes sont à cran.
Près de 30% des stations-services du pays connaissent désormais des problèmes d’approvisionnement sur au moins un carburant. Et ce chiffre grimpe même à plus d’une station sur deux dans les Hauts-de-France, et à presque 45% en Île-de-France, selon le ministère de la Transition écologique. C’est une conséquence de la grève qui dure depuis près de deux semaines dans certaines raffineries, dont la plus grande de Total Energies, située en Normandie. Et la situation ne semble pas s'éclaircir : la grève entamée dans les raffineries et dépôts de carburants de TotalEnergies et d'Esso-ExxonMobil a été reconduite ce lundi 10 octobre, a appris franceinfo de sources syndicales.
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Pour sortir de la situation, la direction de Total Energies a toutefois proposé aux grévistes d'avancer à octobre ses négociations annuelles sur les salaires prévues pour novembre. TotalEnergies ne donne toutefois pas de date précise et pose une condition : il faut que le blocage s’arrête maintenant. Si les discussions démarrent bel et bien, il y aura deux objectifs, selon le communiqué du groupe : "définir comment les salariés pourront bénéficier, avant la fin de l'année, des résultats exceptionnels générés par TotalEnergies, tout en prenant aussi en compte l'inflation de l'année 2022."
Des propositions insuffisantes au vu des bénéfices record et de l’inflation
Les grévistes réclament une hausse de salaire de 10% (7% en raison de l’inflation et 3% liés aux bénéfices record du groupe). La direction, de son côté, rappelle qu’un accord signé en janvier a permis une augmentation de 3,5% en moyenne sur la fiche de paye et que les salariés ont touché plus de 9 000 euros, en moyenne là aussi, en primes d’intéressement et de participation cette année. Jointe par franceinfo, la CGT répond qu’elle va prendre le temps de la réflexion, soulignant que les dirigeants ont mis plus de 10 jours à répondre au mouvement de grève.
Le gouvernement, lui, continue de mettre la pression. "Une issue doit être trouvée sans délai, a martelé la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher. Les Français ne doivent pas subir davantage les conséquences d’un mouvement social". Un message destiné aux syndicats de TotalEnergies et du groupe ExxonMobile, propriétaire des stations Esso, touché, lui aussi, par une grève. La direction, en discussion depuis le 20 septembre avec les salariés, a annoncé dimanche soir dans un communiqué son intention de réunir lundi 10 octobre "les quatre organisations syndicales représentatives du personnel". Pour l’heure, la proposition sur la table n'a été approuvée que par la CFE-CGC. La CGT réclame, elle, des revalorisations salariales plus conséquentes que les "5,5% de hausse en moyenne avec une prime de 3 000 euros pour 2023" proposés par la direction.
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En visite en Algérie, la Première ministre Élisabeth Borne a assuré que la situation allait s’améliorer "tout au long de la semaine" grâce à des livraisons de carburant issues entre autres des "stocks stratégiques" du pays. Le gouvernement a rappelé que des camions citernes avaient été autorisés à circuler tout le week-end. "Ces mesures ont permis une hausse des livraisons de l'ordre de 20% par rapport aux flux habituels", a assuré Agnès Pannier-Runacher. Dimanche, la plus grande raffinerie de TotalEnergies, basée en Normandie, la "bio-raffinerie" de La Mède (Bouches-du-Rhône) et le dépôt de carburants de Flandres près de Dunkerque (Nord) étaient "toujours totalement à l'arrêt", selon la CGT. Celle de de Feyzin (Rhône) est aussi à l'arrêt mais en raison d'un accident technique, assure TotalEnergies.
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