L'extrême droite se renforce, les sociaux-démocrates et la droite reculent, les Verts progressent… A quoi va ressembler le Parlement européen ?
Les deux principaux groupes au Parlement européen, le Parti populaire européen et l'Alliance progressiste des socialistes et démocrates, perdent respectivement 38 et 36 sièges à l'issue des élections européennes. Le groupe Europe des nations et des libertés (ENL), fort du succès du RN en France, en gagne 21.
Un hémicycle européen plus éclaté et sans majorité claire se dessine. Les deux groupes majoritaires au Parlement européen, le Parti populaire européen (PPE) et l'Alliance progressiste des socialistes et démocrates (S&D), obtiennent respectivement 179 et 150 sièges sur 751 à l'issue des élections européennes, dimanche 26 mai, selon les dernières estimations réalisées par Kantar Public pour le Parlement européen.
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Le nombre d'eurodéputés par groupe ayant évolué pendant la législature (2014-2019), notamment avec la création du groupe Europe des nations et des libertés (ENL) en juin 2015, le Parlement européen compare ces estimations avec le nombre de sièges par groupe en avril. Le PPE comptait, à un mois des élections, 217 sièges, rappelle le Parlement européen. Le groupe S&D avait de son côté 186 eurodéputés. Ils perdent respectivement 38 et 36 sièges, tandis que le groupe Europe des nations et des libertés (ENL), où siègent des eurodéputés Rassemblement national (RN), en remporte 58, soit 21 de plus qu'au mois d'avril (37 sièges). L'Alliance des libéraux et des démocrates pour l'Europe (ADLE), groupe des libéraux centristes au sein du Parlement européen, obtient quant à elle 107 sièges, devenant ainsi la troisième force politique à Strasbourg et Bruxelles.
La fin de la majorité PPE-S&D
Avec 179 eurodéputés élus, le PPE obtient 23,83% des sièges au sein du Parlement européen. Les sociaux-démocrates, deuxième force politique de l'hémicycle, décrochent 19,97% des sièges avec 150 eurodéputés élus. Les deux groupes maintiennent leurs positions historiques de n°1 et n°2 au Parlement, mais perdent la courte majorité absolue qu'ils avaient jusqu'à présent (403 sièges), avec 29% des sièges pour le PPE et 25% pour le S&D. A eux deux, ils ne pèsent plus que 43,8% dans le Parlement fraîchement élu.
Ces résultats laissent présager de difficiles négociations pour la nomination des prochain(e)s président(e)s de la Commission européenne et du Parlement européen, mais également pour les présidences des commissions. Affaiblis, les deux groupes principaux vont sûrement devoir négocier avec d'autres forces au sein du Parlement, telles que l'ALDE, voire les Verts.
Les libéraux centristes, avec 107 eurodéputés, obtiennent en effet 14,25% des sièges. Ils se renforcent, avec 39 sièges de plus par rapport au mois d'avril, où ils en comptaient 68. Quant aux Verts, ils passent de 52 à 70 sièges (9,32% des eurodéputés) au sein de l'hémicycle, et sortent ainsi, eux aussi, renforcés de ce scrutin. La Gauche unitaire européenne-Gauche verte nordique (GUE-NGL), où siège La France insoumise, obtient de son côté 38 sièges (5,06% des eurodéputés), contre 52 en avril.
Poussée attendue des nationalistes et populistes
Comme annoncé par des sondages réalisés dans les 28 Etats membres de l'Union européenne, le camp des nationalistes, europhobes et populistes, à la droite du Parti populaire européen, se renforce. Le groupe Europe des nations et des libertés (ENL), dont font partie, entre autres, le Rassemblement national et le parti d'extrême droite italien la Ligue mené par Matteo Salvini, gagne largement en influence au sein du Parlement européen, passant de 37 sièges à 58 après ce scrutin. L'ENL, forte du succès du RN en France, rassemble désormais 7,72% des eurodéputés.
A ses côtés, le groupe Europe de la liberté et de la démocratie directe (EFDD), qui réunit des forces europhobes et populistes telles que le parti du Brexit de Nigel Farage, ainsi que le parti "antisystème" italien Mouvement 5 étoiles (M5S), obtient 56 sièges, contre 41 sièges en avril. Quant au groupe des Conservateurs et réformistes européens (ECR), où siègent notamment le parti conservateur polonais Droit et Justice ainsi que les conservateurs britanniques, il n'obtient que 58 sièges, contre 76 un mois avant les élections européennes.
A elles trois, ces formations eurosceptiques, populistes et nationalistes recueillent ainsi 172 sièges, et représentent désormais 22,9% des eurodéputés. Une augmentation sensible par rapport aux 154 sièges qu'elles détenaient à la fin de la dernière législature. Ces résultats restent insuffisants pour obtenir une majorité au Parlement, mais ils contribuent à bouleverser l'équilibre politique dans l'hémicycle européen.
Une abstention en recul au niveau européen
Depuis les premières élections des eurodéputés, en 1979, l'abstention n'a cessé de gagner du terrain en Europe pour ce scrutin considéré par certains politologues comme des "élections-défouloirs". Entre 1979 et 2014, le taux d'abstention est ainsi passé de 38% à 57,4%, relève le site du Parlement européen.
Cette année fait exception. La participation, de 50,95% selon les dernières estimations du Parlement européen, s'annonce comme la plus forte pour un scrutin européen depuis un quart de siècle (52,7% en 1994), voire depuis trente-cinq ans (56,7%) en 1984.
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