"Fonctionnaires d’Etat, nous n’obéirons pas" : avant les législatives, des cadres de l'Education nationale assurent qu'ils n'appliqueront pas les éventuelles mesures du RN

Dans une pétition, des chefs d'établissements, inspecteurs pédagogiques, d'académie et généraux, disent craindre pour les valeurs de l'école en cas d'accession au pouvoir du parti d'extrême droite.
Article rédigé par Noémie Bonnin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une classe d'école primaire (illustration). (CORINNE SIMON / HANS LUCAS)

C'est une prise de position inédite de la part d'agents censés appliquer les mesures des différents gouvernements, quels qu'ils soient : des fonctionnaires affirment qu'ils refuseront d'obéir en cas d'arrivée au pouvoir du Rassemblement national à l'issue des élections législatives des 30 juin et 7 juillet prochains.

Dans une pétition, signée par 700 cadres de l'Education nationale (chefs d'établissements, inspecteurs pédagogiques, d'académie et généraux), ils dénoncent : "Parce que nous servons l’Etat, nous déclarons dès aujourd’hui qu’aucun d’entre nous n’appliquera de mesures qui contreviendraient aux valeurs de la République", peut-on notamment y lire.

"Refuser une idéologie qui va contre les valeurs de l'école"

Ces signataires ont pris position après avoir étudié de près le programme du Rassemblement national. Ils dénoncent ainsi le fait de pouvoir vérifier l'identité française des élèves, par exemple. L'école publique en France accueille tout le monde, rappellent-ils.

"Nous sommes dans une situation où le Rassemblement national n'est pas dans l'arc républicain. Sur un certain nombre de sujets, et l'on verra ce qui nous sera demandé, si nous considérons que c'est en contradiction avec les valeurs de la République telle que la liberté, l'égalité, la fraternité, la laïcité, et bien nous désobéirons !", précise Emmanuel Constant, principal d'un collège dans le Val-de-Marne et également élu socialiste en Seine-Saint-Denis, engagement qu'il assure avoir toujours mis à l'écart de son travail, jusqu'à présent.

Des mots forts, assumés par ces cadres, ces "serviteurs de l'Etat", rappellent-ils eux-mêmes, mais les signataires se basent sur le statut de la fonction publique. L'obligation d'obéissance hiérarchique peut cesser si l'ordre donné risque de compromettre gravement l'intérêt public. C’est sur ce fondement que se base également Antonello Lambertucci, inspecteur d’académie : "Le programme RN pour l’Éducation - au même titre que l’ensemble de l’idéologie d’extrême droite - est strictement incompatible avec nos valeurs, celles de la République, ainsi qu’avec l’intérêt public, de sorte que la désobéissance, dans ces conditions, n’est pas un droit mais un devoir, au termes mêmes du code de la fonction publique."

Alain-Philippe, principal adjoint en Seine-et-Marne, n'a pas d'engagement politique. Mais ce réserviste dans l'armée de terre l'assure : il n'a pas hésité à signer la pétition : "Je sais ce que c'est que l'engagement, je sais ce que c'est que la loyauté. Ce n'est pas de choisir ce qui nous plaît ou pas dans tel ou tel programme, c'est refuser une idéologie qui va contre les valeurs de l'école pour laquelle j'ai signé". Ce chef d'établissement n'exclut pas l'autre possibilité, en cas de victoire du RN aux législatives, de quitter l'Education nationale.

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