Législatives : "Il faut répondre aux causes sociales de la montée de l'extrême droite", sinon "on continuera de faire les pompiers de service", prévient Sophie Binet

La secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet espère que le futur gouvernement s'attellera à "régler le fond du problème".
Article rédigé par franceinfo
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Sophioe Binet, secrétaire générale de la CGT, invitée de franceinfo le 3 juillet 2024. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

"Il faut répondre aux causes sociales de la montée de l'extrême droite", prévient mercredi 3 juillet sur franceinfo Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, à quelques jours du second tour des élections législatives. La syndicaliste estime que si rien n'est fait alors la gauche et les syndicats continueront "de faire les pompiers de service pour empêcher les catastrophes".

La leader de la CGT espère que le futur gouvernement s'attellera à "régler le fond du problème", si le Rassemblement national ne remporte pas le scrutin dimanche. Elle appelle à rompre notamment avec la politique d'Emmanuel Macron, estimant que "le Rassemblement national prospère sur les cendres laissées par les politiques néolibérales, sur tous services publics qui ferment, sur toutes ces usines qui ferment". Sophie Binet plaide donc pour "l'abrogation de la réforme des retraites, l'augmentation des salaires et des pensions" et un investissement "dans les services publics".

Cela "se jouera à quelques voix près"

Mais cela dépend des résultats du second tour des législatives dimanche, qui s'annoncent "très serrés", analyse la patronne de la CGT. Sophie Binet estime que cela "se jouera à quelques voix près, à quelques députés près". Et si elle salue "l'union de la gauche" et "les désistements républicains", elle appelle surtout à "la mobilisation générale parce que l'heure est très grave". Sophie Binet invite donc tous les électeurs à "prendre leurs responsabilités". Elle leur demande de convaincre "leur entourage", notamment "pour amener aux urnes ceux qui ne vont pas voter".

La secrétaire générale de la CGT reconnaît par ailleurs que certains devront réaliser un vote utile, que "ce ne sera peut-être pas le choix du cœur". Elle-même confie avoir voté "pour Jacques Chirac en 2002, puis pour Emmanuel Macron en 2017 et 2022". "C'était difficile, mais si c'était à refaire, je le referai", insiste-t-elle, précisant qu'il ne s'agit pas d'une "question de gauche ou de droite, mais de l'avenir de la liberté, de l'égalité et de la fraternité". "Soyons au rendez-vous", soutient-elle.

Sophie Binet considère qu'une arrivée au pouvoir du Rassemblement national représenterait une "catastrophe". "Il n'y a pas pire ennemi pour le monde du travail que l'extrême droite", insiste-t-elle. Elle invite donc les travailleurs à ne "pas se tirer une balle dans le pied".

Des "mesures racistes graves"

La leader de la CGT pointe du doigt le "programme économique et social" du parti de Jordan Bardella qui s'inscrit, selon elle, "dans le prolongement direct de celui d'Emmanuel Macron". Elle affirme que le RN prévoit "de nouveaux cadeaux pour les plus riches et pour les grandes entreprises", mais une "cure d'austérité pour les services publics". Elle accuse aussi le Rassemblement national de ne pas vouloir "taxer les entreprises parce qu'il est dans une logique de séduction du patronat et des employeurs" et de ne pas garantir "l'abrogation de la réforme des retraites".

À cela s'ajoutent "les mesures racistes graves", souligne Sophie Binet. Elle cite notamment les propositions autour de la préférence nationale et l'interdiction pour les binationaux de servir à des postes stratégiques. Pour la patronne de la CGT, cela démontre "l'identité profondément raciste du Rassemblement national". Elle précise que cela se voit également à travers le profil des candidats investis par le parti d'extrême droite. "Chaque jour on découvre de nouveaux scandales parmi les candidats du Rassemblement national", se désole-t-elle.

Elle évoque par exemple "des candidats qui tiennent des propos ouvertement racistes, antisémites, qui ont des liens avec la Russie, qui se positionnent contre l'IVG, qui sont curatelle, etc.". Pour Sophie Binet, "les profils de ces candidats montrent le vrai visage de l'extrême droite qui n'a pas changé, qui est toujours un parti raciste, antisémite et contre les libertés et nos valeurs fondamentales".

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