Comment La République en Marche sélectionne-t-elle ses candidats à l'investiture ?
La commission d’investiture de La République en Marche pour les élections législatives révèlera jeudi après-midi les noms de 450 de ses 577 candidats. Tous sont passés par un processus fastidieux et inédit de sélection.
La République en Marche, le mouvement d’Emmanuel Macron, va révéler jeudi 11 mai après-midi les noms de 450 de ses 577 candidats pour les élections législatives des 11 et 18 juin prochain. Au départ, il était question que tous soient annoncés ce jeudi, mais le mouvement fait face à des "candidatures tardives", telles que celles de Manuel Valls ou Malek Boutih.
Au final, la moitié des candidats La République en Marche proviendront de la société civile, l'autre moitié du monde politique. Avec un sélectionné pour 25 recalés en moyenne, les candidats sont passés par un processus fastidieux et inédit de sélection.
Esprit start-up appliqué à la politique
Ainsi, La République en Marche évoque l'esprit start-up appliqué à la politique. Souhaitant donner un nouveau visage au palais Bourbon, le mouvement a lancé sur internet son appel afin de trouver ses 577 candidats. Quelles conditions remplir ? D’abord adhérer au mouvement. Ensuite avoir un casier judiciaire vierge. Enfin signer un "contrat avec la nation", document dans lequel le postulant s'engage à voter à l'Assemblée les textes permettant de réaliser les objectifs d'Emmanuel Macron dans six grands domaines.
Guillaume Gouffier-Cha, 31 ans, ex militant PS à Vincennes, répond favorablement à ces trois critères et a postulé en ligne. "Il a fallu que je rédige une lettre détaillée, un CV, que j’aille à la recherche de plusieurs lettres de soutiens, explique le postulant. Il y a eu ensuite toute une démarche de dépôt de candidature, assez longue. J'y ai passé plusieurs heures. Avec, notamment, des questions très précises sur la circonscription." En somme, un côté "très ressources humaines", que le candidat salue.
"À parti nouveau, méthodes nouvelles"
Les milliers de postulants seraient ensuite passés au filtre d'un logiciel de e-réputation chargé de vérifier sur internet leur passé, leur image. Ne restaient alors que deux ou trois candidats par circonscription. C'est la commission d'investiture de La République en Marche qui a arbitré les choix définitifs au terme de longues réunions au cinquième étage du QG à Paris.
Christine de Veyrac, ex-députée européenne UMP, est l'une de ses neuf membres : "À parti nouveau, méthodes nouvelles ! On a reçu plus de 14 500 candidatures ! Certains, auparavant, n’auraient jamais osé postuler, peut-être persuadés que c’était réservé à ceux dont la politique est le métier. Nous avions peu de femmes au départ : après l’appel d’Emmanuel Macron, nous avons vu les candidatures féminines affluer et elles nous permettront de parvenir à une parité parfaite."
Certaines candidatures agacent
La commission d'investiture a reçu des dizaines de coups de fils de barons PS ou Les Républicains exigeant de ne pas avoir de candidat de La République en Marche contre eux dans leurs circonscriptions. Il y a aussi eu les candidatures tardives, pour ne pas dire de dernières minutes. Comme celle de Manuel Valls, qui agace forcément ceux qui se sont pliés à la sélection ordinaire.
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Guillaume Gouffier Cha est de ceux-là : "Manuel Valls a voulu annoncer sa candidature sur BFM ! Ce n’est pas le jeu…, déplore-t-il. Nous construisons un rassemblement. J’ai vu une démarche individuelle, visant à nous obliger à accepter sa candidature. Ça, ce sont les anciennes pratiques..." La République en Marche avait promis une sélection sans petits arrangements, sans calculs, par amitié ou par complaisance. Il semble que dans 127 circonscriptions sensibles, des négociations se poursuivront. Peut-être verrons-nous alors, finalement, quelques candidats du renouvellement céder leurs places à certains ténors.
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