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Législatives 2022 : trois questions sur le gouvernement d'union nationale envisagé par Emmanuel Macron

Le président a sondé certains responsables de parti comme le communiste Fabien Roussel sur cette hypothèse. Mais les obstacles semblent nombreux avant la mise en place d'un tel gouvernement. 

Article rédigé par franceinfo
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Emmanuel Macron et Fabien Roussel, le 21 juin 2022, à Paris. (LUDOVIC MARIN / AFP)

"Emmanuel Macron nous a demandé si on était prêt à participer à ce gouvernement d'union nationale", a affirmé sur franceinfo le député Fabien Roussel, mardi 21 juin, après sa rencontre à l'Elysée avec le chef de l'Etat. Le président de la République étudie en ce moment plusieurs options pour trouver une solution après les résultats des élections législatives qui ne lui ont pas permis d'obtenir une majorité absolue à l'Assemblée.

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Qu'est-ce qu'un gouvernement d'union nationale ?

Emmanuel Macron doit élargir son assise politique pour pouvoir gouverner. Un gouvernement d'union nationale lui permettrait de mettre au point une coalition large avec de nombreuses sensibilités partisanes pour trouver un compromis politique. Même si certains gouvernements ont déjà pratiqué l'ouverture avec des ministres venant de bords politiques différents, comme Michel Rocard en 1988 ou François Fillon en 2012, une véritable union nationale n'a jamais été mise en place sous la Ve République.

Il faut remonter à 1944 et au gouvernement provisoire pour trouver une trace d'une telle initiative. Dans le contexte très différent de l'après-guerre, un gouvernement présidé par Charles de Gaulle avait fait cohabiter autour de la table des ministres socialistes, communistes, chrétiens-démocrates et de droite. "Nous, communistes, avons déjà participé à des gouvernements d'union nationale. C'était en 1945 avec de Gaulle, mais c'était du haut niveau ! On a fait la Sécurité sociale qui existe toujours", rappelle ainsi Fabien Roussel, interrogé sur franceinfo.

Qui y participerait ?

Pour pouvoir parler d'union nationale, Emmanuel Macron va devoir recruter à gauche comme à droite. "Si Macron veut reprendre la main politiquement, il n'aura pas d'autre choix que de nommer un gouvernement d'union nationale de Valérie Rabault à Robert Ménard", expliquait ainsi un conseiller de l'exécutif dans Le Parisien. En soumettant l'idée au communiste Fabien Roussel, le président de la République semble prêt à aller un peu plus loin.

Reste la question du Rassemblement national. Depuis 2017, Emmanuel Macron a voulu faire du RN son principal opposant, mais ces derniers jours, le ton semble avoir légèrement évolué. Plusieurs cadres de la majorité, comme le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti, ont estimé qu'il serait possible de travailler dans le quinquennat à venir avec les députés du parti RN.

Marine Le Pen assure d'ailleurs qu'Emmanuel Macron a évoqué un gouvernement d'union nationale avec elle. De son côté, Louis Aliot, vice-président du RN, a suggéré sur France Inter à Emmanuel Macron "un gouvernement d'union nationale pour préparer des échéances majeures en matière de pouvoir d'achat, de sécurité ou de retraites".  

Pourquoi est-ce compliqué ?

Problème de taille, de nombreux responsables politiques ont déjà décliné la proposition. "J'ai tout de suite dit au président : 'Il y a un tel climat de défiance à votre encontre que ce n'est pas envisageable.' Ça ne serait pas compris", a expliqué Fabien Roussel sur franceinfo. "Si Emmanuel Macron décide de nous faire [une telle] proposition, nous lui dirons clairement que ça ne peut pas être une perspective pour nous : nous avons combattu sa politique, nous allons la combattre encore, nous n'allons pas gouverner avec lui", a renchéri le député "insoumis" Manuel Bompard.

"Nous avons fait campagne en proposant une alternative à la politique d'Emmanuel Macron. Si nous arrivions aujourd'hui en proposant de petits arrangements, nous ne respecterions pas la parole de ceux qui nous ont élus."

Manuel Bompard, député LFI des Bouches-du-Rhône

sur franceinfo

A droite, Christian Jacob, le patron du parti Les Républicains, répète qu'il se voit dans l'opposition. "Jamais on ne sera dans le blocage des institutions, mais il n'est pas question de rentrer dans une logique de pacte de coalition, de participation ou de quoi que ce soit de cette nature", a-t-il assuré à l'issue de sa rencontre avec Emmanuel Macron. Marine Le Pen aussi a décliné la proposition. "Je pense que la situation ne le justifie pas." Mais François Bayrou, qui souhaite "s'approcher aussi près que possible de l'union nationale", estime que les positions peuvent évoluer rapidement.

"Je pense qu'il y a beaucoup de volontés disponibles, qui pour l'instant s'expriment peu parce qu'au sortir de la séquence électorale, on est dans les affrontements systématiques, les combats de boxe, c'est comme cela." 

François Bayrou, président du MoDem

à l'issue de son rendez-vous avec Emmanuel Macron

Le plus probable pour le chef de l'Etat reste d'élargir sa majorité avec des élus de gauche dits "Macron compatibles" et des députés LR dits "constructifs". "Je serai un élu libre et responsable. Notre famille politique ne doit pas bloquer les institutions et se doit de participer au redressement de la France", confie ainsi à franceinfo un député Les Républicains, qui a déjà été appelé par l'exécutif. Mais de possibles débauchages au coup par coup n'entraîneront pas nécessairement l'ensemble des forces politiques.

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