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Législatives : pourquoi Emmanuel Macron chiffre-t-il à "une trentaine" les députés qui lui manquent pour la majorité absolue, et non à 44 ?

Dans son allocution, mercredi, le président de la République a assuré qu'"il a manqué une trentaine de députés sur 577". Or, Ensemble a recueilli officiellement 245 députés, soit 44 de moins que la majorité absolue.

Article rédigé par Julie Marie-Leconte
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Emmanuel Macron à son arrivée à Bruxelles, le 23 juin 2022. (JOHN THYS / AFP)

"Il a manqué une trentaine de députés sur 577, et la majorité présidentielle est en effet relative". Cet extrait de l'allocution d'Emmanuel Macron en a fait sursauter plus d'un, mercredi 22 juin au soir. La majorité présidentielle est relative : personne n'avait attendu le président pour en faire le constat, après le second tour des élections législatives. Mais pourquoi parle-t-il d'une "trentaine de députés" manquants alors qu'il en manque 44 pour atteindre la majorité absolue, soit 289 sièges ?  

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C'est une façon de dire que la majorité à déjà réussi à en débaucher certains : dans l'entourage présidentiel, on assure que 251 députés se revendiquent de la majorité présidentielle. 251, c'est six de plus que les 245 députés Ensemble ! (l'alliance Modem, Horizons et Renaissance, ex-LREM) des résultats définitifs. Si on fait le calcul, il ne manque donc plus 44 sièges pour atteindre la majorité absolue, mais 38. Et si 38, c'est "une trentaine" et pas une quarantaine, c'est donc que le président de la République force le trait et entend afficher une forme d'optimisme, mais on ne peut pas dire non plus qu'il est dans le déni de réalité.

Des dissidents finalement bienvenus

Qui sont ces six députés ? Impossible d'en obtenir la liste. Mais on cite par exemple le suppléant de Damien Abad, l'ancien président du groupe LR, qui s'est présenté comme divers droite après avoir rompu avec sa famille politique et décroché un poste de ministre. Patrick Liébus va rejoindre les effectifs de la majorité.

Une majorité qui peut aussi compter avec des dissidents finalement réhabilités et accueillis à bras ouvert dans le giron des macronistes : le cas emblématique, c'est Stéphane Vojetta, le marcheur qui s'est présenté contre Manuel Valls, dans la 5e circonscription des Français de l'étanger. L'ancien Premier ministre de François Hollande avait été investi par Ensemble !, mais a été battu dès le premier tour. Emmanuel Macron pourra compter sur la voix de cet ex-dissident.

Les "plaques tectoniques" bougent encore

On imagine que les tractations continuent. Ce n'est pas un secret, les téléphones chauffent. Elisabeth Borne elle même passe des coups de fils. Olivier Véran, le ministre chargé des Relations avec le Parlement, ex-socialiste, aussi. "Il est encore trop tôt pour donner une cartographie précise des groupes", indique une source parlementaire qui confirme que les "plaques tectoniques" bougent encore.

La scène ne sera figée qu'en début de semaine prochaine. Les groupes ont jusqu'à mardi 18 heures pour remettre au secrétariat général de la présidence de l'Assemblée nationale la liste de leurs membres. Les listes seront publiées sur le site du Palais-Bourbon dans la nuit de mardi à mercredi. Et elles seront paraîtront mercredi au Journal officiel.

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