Reportage "C'est le coup de massue" : les mairies se lancent dans l'organisation des législatives dans l'urgence et "dans un grand flou"

L'annonce d'élections législatives fin juin a mis les mairies dans l'embarras, tant les délais sont courts pour organiser le scrutin. Sans parler des dépenses non prévues dans les budgets et du personnel à mobiliser.
Article rédigé par Margaux Stive - édité par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des urnes de vote dans la mairie de Montreuil. (MARGAUX STIVE / RADIO FRANCE)

Si mettre sur pied des élections en moins de trois semaines n’est pas inédit pour les communes, le défi est quand même immense. Après l’annonce de la dissolution, l’Association des maires de France alerte sur les difficultés que vont avoir les villes à organiser ces législatives anticipées. Exemple à Bagnolet et à Montreuil, deux communes de l’est parisien, qui s’organisent dans l’urgence.

En apprenant la dissolution de l’Assemblée nationale dimanche, Barbara Grigorieva a d’abord cru à une mauvaise blague. Depuis, cette responsable des relations usagers à la mairie de Bagnolet n’a pas beaucoup dormi. "C'est un choc. C'est comme après une course où on nous demanderait de faire un triathlon." Une course dans laquelle Barbara Grigorieva a l’impression de se lancer complètement à l’aveugle. "Dans un grand flou et en ne respectant aucune trame classique du calendrier électoral, poursuit-elle. On a aucune directive de la part de la préfecture, pour l'instant on n'a rien. Donc là on est dans le flou, on attend, on ne peut pas avancer."

Pourtant le travail est énorme. En 21 jours, il faut boucler ce qui se fait d’habitude en plusieurs mois : remettre à jour les listes électorales, installer les bureaux de vote, imprimer et envoyer les professions de foi. Soit autant de dépenses qui n’étaient pas prévues dans les budgets des municipalités.

Des agents "fatigués"

Quelques kilomètres plus au sud, à Montreuil, les urnes de dimanche dernier encombrent encore les couloirs de la mairie. Dans cette ville de plus de 60 000 électeurs, le coût d’un seul tour de scrutin se compte en dizaine de milliers d’euros. "C'est le coup de massue, admet Thibaud Mathys, le responsable des élections. L'État rembourse aux communes les frais d'assemblée électorale, c'est un forfait qui dépend du nombre d'électeurs et du nombre de bureaux de vote. Pour la ville de Montreuil, cela représente environ 8 000 euros pour chaque tour de scrutin."

"La seule journée de dimanche, en coûts de personnel et d'organisation pour la ville de Montreuil, c'est 80 000 euros."

Thibaud Mathys, responsable des élections à Montreuil

à franceinfo

À cela il faut rajouter les heures supplémentaires des agents dans les jours qui précèdent pour préparer le scrutin. Des agents qu’il va falloir à nouveau mobiliser à l’approche des vacances mais surtout des Jeux olympiques, ce qui suscite de l'inquiétude chez Thibaud Mathys : "Vous avez des agents qui sont fatigués, qui se sont surinvestis ces derniers mois, donc on n’est pas à l'abri que la fatigue génère des couacs. Il y aura peut-être une part de démobilisation et donc un nombre insuffisant de personnes mobilisées." Trouver les 350 agents nécessaires sera donc un défi jusqu’au dernier moment même si, assure Thibaud Mathys, tout sera fait pour que le scrutin se déroule dans les meilleures conditions.

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